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Le Prophète de l’islam, par ibn Al jawzi

Chapitre sur la mention de notre Prophète Muhammad ﷺ et de sa généalogie
‘Umar Ibn Hafs as-Sadusi a dit : « Il est Muhammad Ibn ‘Abdullah, Ibn ‘Abd al-Muttalib (appelé Chayba), Ibn Hâchim (appelé ‘Amrû), Ibn ‘Abd-Manâf (appelé al-Mughîra), Ibn Quçayy (appelé Zayd), Ibn Kilâb, Ibn Murra, Ibn Ka‘b, Ibn Lu’ay, Ibn Ghâlib, Ibn Fihr (appelé Quraych et qui donna son nom à la tribu) , Ibn Mâlik, Ibn an-Nadhr (appelé Qays), Ibn Kinâna, Ibn Khuzayma, Ibn Mudrika (appelé ‘Amir), Ibn Ilyâs Ibn Mudhar, Ibn Nizâr. Quant à la mère du Messager d’Allah ﷺ, elle s’appelle Amîna Bint Wahb, Ibn ‘Abd Manâf, Ibn Zuhra, Ibn Kilâb, Ibn Murra.
Nizâr, lui, est le fils de Ma‘ad, Ibn ‘Adnân, Ibn ‘Udad, Ibn al-Hamaysa, Ibn Hamaf, Ibn Qaydâr, Ibn Ismâ’îl, Ibn Ibrahîm l’ami d’Allah ().
Mention de la pureté de ses ancêtres et de leur noblesse
D’après Wâyla Ibn al-Asqa’, le Prophète ﷺ a dit : « Allah () a élu, parmi les enfants d’Abraham, Ismaël ; Il a élu, parmi les enfants d’Ismaël, Kinâna ; Il a élu, parmi les enfants de Kinâna, Quraych ; Il a élu, parmi Quraych, les Banû Hâchim, et Il m’a élu, parmi les Banû Hâchim. »
Mention du mariage de ‘Abdullah Ibn ‘Abd al-Muttalib avec Amîna bint Wahb
‘Abd al-Muttalib avait demandé la main d’Amîna bint Wahb pour son fils ‘Abdullah. Le mariage fut célébré et le couple demeura ensemble quelques temps. Mais avant que son épouse ne fut enceinte du Messager d’Allah, il est arrivé à ‘Abdullah l’aventure suivante :
D’après Abî Fiyyâdh al-Khat’amî, ‘Abdullah Ibn ‘Abd al-Muttalib passa, un jour, à côté d’une femme de Khat’am, appelée Fâtima bint Murra. Elle était l’une des plus belles et des plus vertueuses femmes de Quraych. Elle avait lu les livres sacrés. Un jour, alors qu’elle discutait avec les jeunes de Quraych, elle vit la lumière de la prophétie sur le visage de ‘Abdullah. Elle lui dit : « Qui es-tu ô jeune homme ? » Il déclina son identité. Elle lui dit alors : « Veux-tu, en contre partie de cent chameaux, venir « près de moi » ?
Il la regarda puis répondit : « La mort vaut mieux que le péché ! »
Il retourna ensuite vers son épouse Amîna. Plus tard, il repassa devant la femme de Khat’am mais il ne vit plus le même intérêt qu’elle lui portait auparavant. Intrigué, il lui dit : « Tiens-tu toujours à ta proposition ? » Elle lui répondit : « La proposition était valable l’autre fois, elle ne l’est plus. » Elle ajouta : « Qu’as-tu fait ces jours-ci ? » Il répondit : « J’ai passé ces jours avec mon épouse Amîna bint Wahb. » Elle lui dit alors : « Par Allah ! Je ne suis pas une femme de mauvaises mœurs, mais j’ai vu sur ton visage la lumière de la prophétie, et j’ai voulu que cette lumière entre en moi ; mais Allah a voulu qu’elle soit là où Il l’a mise. »
Abû Sâlih a rapporté d’après Ibn ‘Abbâs que cette femme appartenait aux Banû Asad Ibn ‘Abd al-‘Uzza ; elle était la sœur de Waraqa Ibn Nawfal. C’est aussi l’avis d’Ibn Ishâq qui ajoute qu’elle était la mère de Qitâl. ‘Arwa a dit, de son côté, qu’elle s’appelait Qatîla bint Nawfal, et qu’elle était la sœur de Waraqa.
Pour sa part, Jarîr Ibn Hâzim a rapporté d’après Abî Yazîd al-Madayni, que lorsque ‘Abdullah passa devant la femme de Khat’am, elle vit entre ses yeux une lumière éclatante qui montait jusqu’au ciel. Elle lui dit : « As-tu un désir à mon égard ? » Il lui répondit : « Oui, après que j’aurai jeté les cailloux (de lapidation du diable) ! Il jeta donc les cailloux puis alla rejoindre sa femme Amîna. Il se rappela ensuite la femme de Khat’am et passa devant elle. Elle lui dit : « As-tu vu une autre femme ? » Il lui répondit : « Oui, Amîna. » Elle lui dit alors : « Je n’ai plus besoin de toi ; tu es passé devant moi, alors qu’une lumière illuminait ton visage et montait jusqu’au ciel. Mais après avoir partagé son intimité, cette lumière a disparu. Informe-la donc qu’elle va porter le meilleur des hommes. »
Mention de la grossesse d’Amîna
Yazîd Ibn ‘Abdullah Ibn Wahb Ibn Zam’a a rapporté ces paroles de sa tante paternelle : « Nous entendions dire que lorsqu’Amîna était enceinte du Messager d’Allah ﷺ, elle disait : « Je n’ai jamais eu le sentiment d’être enceinte et je n’ai jamais éprouvé le poids de sa présence dans mon ventre, comme l’éprouvent les femmes, sauf qu’un jour, alors que j’avais des doutes sur la fin de mes menstrues, un être vint à moi, alors que j’étais entre le sommeil et l’éveil, et me dit : « As-tu conscience d’être enceinte ? » J’ai répondu : « Je ne sais pas. » Il m’a alors dit : « Tu portes le maître de cette communauté et son prophète, et ce le lundi. » Elle ajouta : « C’est cela qui m’a fait prendre conscience que j’étais enceinte. Une fois que la date de mon accouchement fut proche, cet être vint me voir de nouveau et me dit : « Dis : « Je le mets sous la protection de l’Unique et l’Impénétrable contre le mal de tout envieux ! »
Mention de la mort de ‘Abdullah
Muhammad Ibn Ka‘b a dit : « ‘Abdullah Ibn ‘Abd al-Muttalib est parti faire du commerce en Syrie, en compagnie d’un groupe de Quraychites. À leur retour, ils passèrent par Médine, et ‘Abdullah tomba malade. Il demanda à ses compagnons de continuer leur chemin, vers La Mecque, tandis qu’il resta chez ses oncles, les Banû ‘Adiyy Banû an-Najjâr. Il demeura chez eux pendant un mois, alors que ses compagnons de voyage retournèrent à La Mecque. Ils informèrent alors son père ‘Abd al-Muttalib qui envoya son autre fils al-Hârith pour demander de ses nouvelles. Mais lorsqu’il arriva à Médine, ’Abdullah était déjà mort et enterré dans la maison de Nâbigha, un homme des Banû ‘Adiyy. Al-Hârith retourna auprès de son père et l’informa de la triste nouvelle. ‘Abd al-Muttalib en éprouva une grande affliction. ’Abdullah avait alors vingt-cinq ans. Il avait laissé sa femme Amîna enceinte du Messager d’Allah ﷺ.
Il a été rapporté d’après ‘Awâna Ibn al-Hakm que ‘Abdullah est mort après que le Messager d’Allah ﷺ eut atteint l’âge de vingt-huit mois. D’autres sources disent sept mois. Mais la première version est la plus véridique, à savoir que sa mère était enceinte de lui. ‘Abdullah laissa une esclave, Um Ayman, cinq chameaux et quelques brebis. Le Prophète ﷺ hérita de cela et il fut pris en charge par Um Ayman. »
Mention de la naissance du Prophète ﷺ
Il y a un consensus autour du jour de la naissance du Prophète ﷺ, à savoir un lundi du mois de rabi’ al-awwal, l’année de l’éléphant.
Il y a cependant des divergences sur la date de ce mois. Quatre versions ont été proposées à ce sujet : la première est qu’il est né le deux du mois, la deuxième, le huit, la troisième, le dix, et la quatrième, le douze.
Muhammad Ibn Sa‘d a rapporté d’après un groupe de savants qu’Amîna a dit : « Lorsque je fus enceinte de lui, je n’ai ressenti aucune fatigue et, lorsqu’il vint au monde, une lumière sortit avec lui et illumina ce qu’il y a entre l’Orient et l’Occident. Il tomba sur terre en s’appuyant sur ses mains. »
‘Iqrima a dit : « Lorsqu’Amîna l’a mis au monde, elle le regarda et vit qu’il avait le regard fixé vers le ciel. »
Al-‘Abbâs Ibn ‘Abd al-Muttalib a dit de son côté : « Le Prophète ﷺ est né circoncis et le cordon ombilical coupé. Ceci suscita l’étonnement de ‘Abd al-Muttalib et renforça son attachement pour son petit-fils. Il disait : « Mon petit-fils que voici aura un grand avenir devant lui. » Et il en fut comme il l’avait dit.
Pour sa part, Yazîd Ibn ‘Abdullah Ibn Wahb a rapporté, d’après sa mère, qu’Amîna, après avoir mis au monde le Prophète ﷺ, envoya un émissaire informer ‘Abd al-Muttalib de cet événement. L’émissaire vint à lui, alors qu’il était assis dans l’enceinte de la Ka‘ba, et lui apporta l’heureuse nouvelle. Il fut très réjoui à cette annonce et se leva en compagnie de ceux qui étaient avec lui. Il entra chez Amîna qui l’informa de ce qu’elle avait vu, de ce qui lui avait été dit et de ce qui lui fut ordonné au cours de cette naissance. ‘Abd al-Muttalib prit alors l’enfant, le fit entrer dans la Ka‘ba, et se mit à invoquer Allah () et à Lui rendre grâce.
Mention des noms du Messager d’Allah ﷺ
D’après Muhammad Ibn Jubayr Ibn Mut’im, d’après son père, le Prophète ﷺ a dit : « J’ai cinq noms : je suis Muhammad, Ahmed, al-Mâhi (celui avec lequel Allah efface l’impiété), al-Hâchir (celui derrière lequel les gens se rassemblent) et al-‘Aqib (celui après lequel il n’y a aucun prophète). » (Rapporté par al-Bukhârî et Muslim)
Muslim a rapporté aussi, d’après Abû Mûssa : « Le Prophète ﷺ nous a mentionné ses noms en nous disant : « Je suis Muhammmad, Ahmed, al-Muqaffa (même sens qu’al-‘Aqib), al-Mâhi, al-Hâchir, le Prophète du repentir et le Prophète de l’épopée. » Dans une autre version, il est dit : « le Prophète de la miséricorde. »
Abû al-Husîn Ibn Fâras, le linguiste, a rapporté que notre Prophète ﷺ possède vingt trois noms : Muhammad, Ahmed, al-Mâhi (celui avec lequel Allah efface l’impiété), al-Hâchir (celui derrière lequel les gens se rassemblent), al-‘Aqib (celui après lequel il n’y a aucun autre prophète), al-Muqaffa, le Prophète de la miséricorde, le Prophète du repentir, le Prophète de l’épopée, le témoin, l’annonceur de la bonne nouvelle, l’avertisseur, la lumière éclatante, le souriant, le combattant, celui qui met sa confiance en Allah, le conquérant, le digne de confiance, le sceau, l’élu, le Prophète et le Messager, l’illettré et le généreux.
Mention de ses nourrices
Barra bint Abî Tujrua a dit : « La première nourrice du Messager d’Allah ﷺ fut Thuwayba qui l’allaita avec un de ses fils, appelé Masrûh et ce, quelques jours avant que Halîma ne vienne le prendre. Avant lui, elle avait allaité Hamza Ibn ‘Abd al-Muttalib et, après lui, Salama Ibn ‘Abd al-Asad. Ensuite, ce fut au tour de Halîma bint ‘Abdullah as-Sa‘diyya de l’allaiter.
Halîma as-Sa‘diyya a dit à ce sujet : « Je suis partie avec un groupe de femmes des Banû Sa‘d Ibn Bakr Ibn Hawâzin à la quête d’enfants de La Mecque à allaiter. Je suis sortie sur mon ânesse grise, par une année de grande sécheresse, accompagnée de mon époux al-Hârith Ibn ‘Abd al-‘Uzza. Nous avions emmené avec nous une vieille chamelle qui ne pouvait nous donner aucune goutte de lait. Or, il y avait avec nous notre petit garçon, dont les pleurs, à force d’avoir faim, nous empêchaient de dormir. Je n’avais pas de lait pour pouvoir l’allaiter et la vieille chamelle non plus. Mais mon époux et moi avions l’espoir, pour autant, que le salut et la prospérité reviennent. En arrivant à La Mecque, toutes les femmes qui nous accompagnaient reçurent la proposition d’allaiter le Prophète ﷺ mais elles déclinèrent cette proposition. Certes, nous nous attendions, en prenant des bébés pour les allaiter, à la générosité de leurs parents en contre partie de leur allaitement. Or, le Prophète ﷺ était orphelin, et nous nous sommes dit : « Que peut faire pour nous sa mère ? » Ainsi, toutes mes compagnes purent obtenir des bébés à allaiter, sauf moi. J’ai alors dit à mon époux : « Par Allah, je vais prendre avec moi cet orphelin ! »
Je suis donc revenue vers sa mère, et je l’ai pris avec moi, en rejoignant mon époux à qui j’ai dit : « J’espère qu’Allah nous accordera du bien à travers lui. »
Elle ajoute : « Par Allah, dés que je l’ai mis dans mon giron, mes seins se remplirent de lait et il put boire à satiété, de même que son frère de lait. En outre, mon époux al-Hârith alla voir, de nuit, notre vieille chamelle et il la trouva les mamelles pleines de lait. Nous en avons bu à satiété, et nous avons passé la meilleure des nuits. Mon époux m’a alors dit : « Par Allah, ô Halîma, je crois que tu as fais un choix béni ! Les enfants se sont endormis, et nous sommes rassasiés ! »
Halîma ajoute : « Lorsque nous sommes repartis, par Allah, notre vieille chamelle s’est mise à galoper jusqu’à dépasser toutes celles de mes compagnes. Celles-ci finirent par me dire : « Malheur à toi, ô bint al-Hârith ! Dis-nous la vérité : N’est-ce pas cette chamelle sur laquelle tu es venue ? » J’ai répondu : « Certes, par Allah. » Elles m’ont alors dit : « Il y a dans cette chamelle quelque chose de miraculeux. »
Nous finîmes par arriver dans notre village des Banû Sa‘d Ibn Bakr où nous avons retrouvé une terre des plus incultes. Par Celui qui tient l’âme de Halîma dans Sa main, les bêtes des habitants des Banû Sa‘d sortaient le matin pour aller paître, et revenaient le soir le ventre vide, tandis que les miennes, revenaient le ventre plein au village. Ceux-ci finirent par dire à leurs bergers : « Malheur à vous ! Pourquoi vous n’allez pas faire paître nos bêtes là où le berger de Halîma emmène ses bêtes ! » Or, même lorsqu’ils emmenaient leurs bêtes paître avec les miennes, dans les vallées entourant notre village, mes bêtes revenaient rassasiées et le ventre plein, tandis que leurs bêtes revenaient toujours affamées. »
Halîma ajoute : « Le Prophète ﷺ grandissait presque en un jour comme grandissait un autre garçon en un mois, et il grandissait presque en un mois comme grandissait un garçon en une année. Il devint, en effet, en quelques années seulement, un adolescent fort et au corps robuste. Lorsque nous l’avons ramené, un jour, à sa mère, mon époux lui a dit : « Laisse-le encore avec nous à la campagne car je crains pour lui les maladies de La Mecque. » En vérité, nous voulions le garder encore avec nous, à cause de ce que nous avions vu en lui comme signes de bénédiction. Nous avons tellement insisté qu’elle a fini par accepter de le laisser repartir avec nous. Il demeura donc avec nous deux mois encore.
Un jour, tandis qu’il jouait avec son frère de lait derrière la maison, ce dernier arriva en courant et en criant : « Venez vite au secours de mon frère le Quraychite ! Deux hommes sont arrivés, l’ont fait allonger sur terre et lui ont ouvert la poitrine ! » Nous avons accouru, moi et son père adoptif et nous l’avons trouvé, debout, le visage pâle. Mon époux l’a pris dans ses bras et lui a dit : « Qu’as-tu ô mon fils ? » Il nous a répondu : « Deux hommes habillés en blanc sont venus à moi, m’ont allongé par terre et m’ont ouvert la poitrine. Par Allah, je ne sais pas ce qu’ils m’ont fait. »
Nous l’avons alors ramené à la maison et mon époux m’a dit : « Par Allah, ô Halîma, je crains que cet enfant ne soit atteint d’une quelconque possession ! Ramenons-le à sa mère, avant que n’apparaisse en lui ce que je crains ! » Nous l’avons donc ramené à sa mère qui, étonnée de notre changement d’attitude, nous dit : « Qu’est-ce qui vous a incités à le ramener, alors que vous teniez tellement à le garder chez vous ? » Nous lui avons répondu : « Non par Allah ! Il y a seulement le fait que nous avons accompli notre devoir et notre engagement vis-à-vis de lui et nous avons craint pour lui les événements. Aussi, nous nous sommes dit qu’il serait mieux auprès de sa mère ! » Mais elle nous a rétorqué : « Par Allah ! Ce n’est pas cela qui vous a décidés à me le ramener ! Dites-moi ce qui s’est réellement passé pour que vous changiez d’attitude ! » Elle n’a cessé d’insister à ce sujet, au point que nous avons fini par lui raconter ce qui s’était passé. Elle nous dit alors : « Avez-vous peur qu’il ne lui arrive quelque chose ? Non, par Allah ! Mon enfant que voici a quelque chose d’extraordinaire, et je vais vous dire pourquoi : Lorsque j’étais enceinte de lui, je n’ai jamais ressenti une grossesse aussi légère ni aussi bénie que la sienne. Je l’ai mis au monde et il n’est pas sorti comme sortent les bébés. Il est sorti en mettant sa main sur terre et en levant les yeux vers le ciel. » Elle ajouta : « Laissez-le moi et retournez à vos occupations. »
Le cheikh a dit : « Il ressort de ce hadîth qu’Amîna a porté un autre bébé que le Messager d’Allah ﷺ. Or, al-Wâqidi a dit : « Il n’y a aucune preuve chez les gens de science qu’Amîna et ‘Abdullah aient eu un autre bébé que le Prophète ﷺ. »
Quant à Halîma, elle est la fille de Dhu’ayb, de son vrai nom ‘Abdullah Ibn al-Hârith Ibn Chahna Ibn Jâbir as-Sa‘diyya. Un jour, elle est venue voir le Prophète ﷺ après que celui-ci ait épousé Khadîdja, en se plaignant auprès de lui de la sécheresse et de l’infertilité de sa terre. Il en parla à Khadîdja (RA) qui lui donna quarante brebis et un chameau. Puis, elle est revenue le voir, après la révélation et s’est convertie à l’Islam en compagnie de son époux al-Hârith Ibn ‘Abd al-‘Uzza.
Muhammad Ibn al-Munkadir a dit : « Une femme est venue voir un jour le Prophète ﷺ en demandant la permission d’entrer. Cette femme l’avait allaité. Lorsqu’elle entra, il s’écria : « Mère ! Mère ! » Il prit alors son manteau et le lui étala pour qu’elle puisse s’y asseoir.
Quant à Thuwayba, elle est l’esclave d’Abî Lahab, et nous ne connaissons personne parmi les savants qui ait parlé de sa conversion, à part Abû Nu’aym al-Isphahâni qui a rapporté que les savants ont divergé au sujet de sa conversion. »
De son côté, al-Wâqidi a rapporté, selon certains gens de science, que le Prophète ﷺ honorait Thuwayba et lui rendait visite alors qu’elle se trouvait à La Mecque. Lorsqu’il émigra, il lui envoya des vêtements et des cadeaux. Lors de son retour de Khaybar, il reçut la nouvelle de sa mort.
‘Urwa a rapporté ce qui suit : « Thuwayba était une esclave d’Abû Lahab. Il l’avait affranchi et elle a allaité le Prophète ﷺ. Après la mort d’Abû Lahab, un de ses proches le vit dans un rêve et lui dit : « Ô Abû Lahab ! Qu’as-tu éprouvé ? » Il lui répondit : « Je n’ai pas trouvé de bien après vous, sauf qu’on m’a abreuvé avec cette quantité, pour mon affranchissement de Thuwayba. » Et il montra son pouce et son index.
En outre, d’après Anas Ibn Mâlik ﷺ, l’ange Jibrîl () est venu voir le Prophète ﷺ alors que celui-ci était encore enfant et jouait avec des enfants de son âge. Il le prit, lui fit perdre connaissance, puis il fit sortir son cœur de sa poitrine et le débarrassa d’une sorte de sangsue, en disant : « C’est là le moyen par lequel le Diable peut avoir prise sur toi. » Ensuite, il lui lava le cœur dans un ustensile en or avec de l’eau de Zemzem, puis le rendit à sa place. Les enfants accoururent alors vers sa nourrice en criant que Muhammad venait d’être tué ! Sa nourrice et son époux se précipitèrent vers lui et le trouvèrent le teint pâle. Anas a ajouté : « Je voyais les traces de la suture sur sa poitrine ﷺ. » (Muslim seul l’a rapporté)
Et nous avons rapporté plus haut que Halîma l’avait rendu à sa mère après deux ans et deux mois. Ibn Qutayba a dit de son côté : « Il est resté auprès de Halîma pendant cinq ans. »
Mention du décès de sa mère Amîna
Lorsque le Prophète ﷺ fut rendu à sa mère Amîna, il resta auprès d’elle jusqu’à l’âge de six ans. Ensuite, elle partit avec lui à Médine pour rendre visite à ses oncles maternels des Banû ‘Adiyy Ibn an-Najjâr. Elle était accompagnée de sa servante Um Ayman. Elle y demeura chez sa famille pendant un mois puis reprit le chemin de La Mecque. Sur le chemin du retour, elle mourut à al-Abwâ où elle fut enterrée. Plus tard, lorsque le Prophète ﷺ passa par là, sur son chemin vers al-Hudaybiyya pour accomplir sa ‘Umra, il visita sa tombe et pleura à son souvenir. À ce sujet, Muslim a rapporté d’après Abû Hurayra que le Prophète ﷺ a dit : « J’ai demandé à mon Seigneur la permission de demander pardon pour ma mère, mais Il ne me l’a pas permis, et je lui ai demandé la permission de visiter sa tombe, et Il me l’a accordée. »
Mention de sa vie après le décès de sa mère
Muhammad Ibn Sa‘d rapporte d’après un groupe de gens de science, notamment Mujâhid et az-Zuhrî, que lorsqu’Amîna mourut, le Prophète ﷺ fut élevé par son grand- père ‘Abd al-Muttalib qui le prit sous sa protection et lui témoigna une affection telle qu’il ne l’avait jamais fait, même avec ses propres enfants. On rapporte qu’un groupe de gens des Banû Mudlij dit à ‘Abd al-Muttalib : « Prends soin de cet enfant, car nous n’avons jamais vu un pas ressemblant davantage au pas se trouvant dans le Maqâm (station) d’Abraham que le sien. » ‘Abd al-Muttalib dit alors à Abû Tâlib : « Écoute ce que disent ces gens-là. » Abû Tâlib prenait donc aussi soin de lui. Lorsque ‘Abd al-Muttalib fut sur le point de mourir, il le recommanda à Abû Tâlib. Il mourut à l’âge de quatre-vingt-deux ans, et selon d’autres versions, à l’âge de cent dix ans ou de cent vingt ans. Il fut enterré à al-Hajûn.
Le Prophète ﷺ fut un jour interrogé sur la mort de ‘Abd al-Muttalib et il répondit : « Oui, j’avais à l’époque huit ans. » De son côté, Um Ayman a dit : « J’ai vu le Messager d’Allah pleurer devant la tombe de ‘Abd al-Muttalib. » Certains savants ont dit que lorsque ‘Abd al-Muttalib est mort, le Prophète avait huit ans, deux mois et dix jours.
Mention de son adoption par Abû Tâlib
Après la mort de ‘Abd al-Muttalib, le Prophète ﷺ fut adopté par Abû Tâlib. Celui-ci l’aimait tendrement et le préférait à ses propres fils.
Lorsque le Prophète atteignit l’âge de douze ans, deux mois et dix jours, Abû Tâlib le prit avec lui dans un voyage commercial en Syrie. Arrivé à Timâ, un moine du nom de Bahîra le vit et dit à Abû Tâlib : « Qui est ce garçon ? » « C’est le fils de mon frère » répondit Abû Tâlib. « Es-tu compatissant avec lui ? » ajouta le moine. « Oui » répondit Abû Tâlib. « Par Allah, si tu l’emmènes avec toi en Syrie, les Juifs le tueront ! » Il retourna alors à La Mecque avec lui.
Mention de Bahîrâ, le moine
D’après Dâwud Ibn al-Hacîn, lorsqu’Abû Tâlib partit en Syrie, il passa prés du monastère d’un moine du nom de Bahîrû. Ce monastère servait de lieu de séjour à des moines chrétiens qui venaient pour y faire des études. Toutes les fois qu’ils étaient passés en cet endroit, ils n’avaient jamais été invités par Bahîrâ dans son monastère. Mais cette fois-ci, le moine leur prépara un repas et les invita à venir manger. La raison qui l’avait amené à faire cela est qu’il avait vu, lors du passage de la caravane, un nuage qui abritait le Prophète, à l’exclusion des autres membres du groupe, jusqu’à ce qu’ils prirent place sous le grand arbre prés du monastère. Ensuite, il vit le nuage qui couvrait l’arbre lorsque le Prophète y prit place à son ombre. À ce moment-là, Bahîrâ descendit de sa terrasse et ordonna qu’on prépare un repas. Puis, il envoya quelqu’un dire aux membres de la caravane : « Ô gens de Quraych, je vous ai préparé un repas et je voudrais que vous soyez tous mes invités, sans exception, petits et grands, hommes libres et esclaves. Vous me ferez honneur en assistant à mon repas. » Un homme de la caravane lui dit : « Tu as sûrement un dessein derrière cette invitation, ô Bahîra, car tu ne nous a jamais invités auparavant ! Pourquoi le fais-tu aujourd’hui ? » « Je veux seulement être généreux avec vous » répondit Bahîrâ.
Tous les membres de la caravane vinrent alors à cette invitation, à l’exception du Prophète ﷺ qui fut laissé avec la caravane en raison de son jeune âge. Cependant, lorsque Bahîrâ regarda ses invités, il ne trouva sur eux aucune des caractéristiques qu’il connaissait sur le prophète élu qu’il cherchait et il ne vit pas le nuage qu’il avait vu au-dessus de la tête du Prophète. Il dit alors aux Quraychites : « Ô peuple de Quraych ! Êtes-vous tous venus à mon invitation ? » « Non, nous avons laissé le plus jeune parmi nous avec nos marchandises » répondirent-ils. « Dites-lui de venir, ajouta Bahîrâ, car il serait inconvenant que vous laissiez quelqu’un sans le faire participer à cette invitation, alors qu’il fait partie de vous. » « C’est un garçon qui appartient à la noblesse de notre peuple, dirent les Quraychites, et il est le neveu de cet homme-là  – Ils entendaient par-là Abû Tâlib – et un des petits-fils de ‘Abd al-Muttalib. » Al-Hârith Ibn ‘Abd al-Muttalib dit alors : « Par Allah, c’est vrai qu’il serait reprochable pour nous qu’un petit-fils de ‘Abd al-Muttalib ne soit pas présent avec nous à cette invitation ! » Il se leva alors et alla ramener le Prophète au monastère. Le nuage planait toujours au-dessus de la tête du Prophète mais personne n’y prêtait attention, à part le moine. Ce dernier se mit à observer attentivement le Prophète, en cherchant sur son corps les caractéristiques propres au prophète élu. À la fin du repas, lorsque les membres de la caravane se dispersèrent, Bahîra dit au Prophète : « Ô jeune homme, je te demande par al-Lat et al-‘Uzza, de répondre aux questions que je vais te poser ! » « Ne me demande rien au nom d’al-Lat et d’al-‘Uzza, lui répondit le Prophète car, par Allah, rien ne m’est plus exécrable qu’elles ! » « Je te le demande alors au nom d’Allah. » « Demande-moi ce que tu veux » lui répondit le Prophète. Bahîrâ se mit à l’interroger sur ce qu’il voyait à l’état de veille et de sommeil, et le Prophète lui répondait. À chaque réponse de ce dernier, Bahîrâ acquiesçait. Ensuite, il se mit à regarder entre ses yeux puis il lui demanda de découvrir son dos. À la vue du sceau de la prophétie, il l’embrassa, ce que voyant, les Quraychites dirent : « Muhammad possède une place éminente auprès de ce moine. » En voyant cela, Abû Tâlib eut peur pour son neveu et lorsque le moine lui dit : « Qu’est pour toi cet enfant ? » Il répondit : « C’est mon fils. » « Il n’est pas ton fils, car ce garçon ne peut pas avoir son père encore vivant ! » « C’est mon fils » répéta Abû Tâlib. « Qu’est devenu son père ? » dit Bahîrâ « Il est mort alors que sa mère était enceinte » répondit Abû Tâlib. « Et sa mère, qu’est-elle devenue ? » ajouta Bahîrâ. « Elle est morte récemment » répondit Abû Tâlib. « Tu dis vrai, lui dit alors Bahîrâ, retourne avec ton neveu dans ton pays, et prends garde pour lui contre les Juifs car, par Allah, s’ils le voient et savent ce que je sais, ils lui feront du tort ! Ton neveu que voici aura un destin prestigieux que nous trouvons dans nos livres et dont nous avons reçu le récit de la part de nos ancêtres ; sache que je t’ai bien conseillé. »
Lorsque les Quraychites eurent fini de vendre leurs marchandises, Abû Tâlib retourna rapidement à La Mecque avec le Prophète ﷺ. On rapporte que des hommes parmi les juifs (1) ayant vu le Prophète et identifié ses caractéristiques, avaient voulu le tuer. Ils allèrent voir Bahîra et lui parlèrent de cela, mais il les en dissuada en leur disant : « Avez-vous reconnu ses caractéristiques ? » « Oui » répondirent-ils. « Vous ne pourrez jamais parvenir jusqu’à lui ». Ils le crurent et abandonnèrent leur funeste projet.
Après cet événement, Abû Tâlib ne voulut plus emmener son neveu avec lui dans un voyage, par crainte pour lui. Le cheikh (qu’Allah lui accorde Sa miséricorde) a dit : « Le Prophète ne cessa d’être, durant son enfance, le meilleur des êtres, le plus excellent par ses qualités morales, le plus sincère dans ses paroles et le plus éloigné des obscénités et des torts, au point où il fut surnommé par ses concitoyens : le digne de confiance. »
Mention de son travail en tant que berger
D’après Abû Hurayra ﷺ, le Prophète ﷺ a dit : « Tout prophète envoyé par Allah a gardé les moutons. » Ses compagnons lui dirent : « y compris toi ? » « Y compris moi, répondit-il ; je les gardais pour les habitants de La Mecque en contre partie de quelques qirât (qarârit). » (Rapporté seulement par al-Bukhârî). Ibrahîm Ibn Harbî a dit : « Les qarârit sont un endroit du côté de La Mecque et non de l’argent. »
Mention de son deuxième voyage en Syrie
Nous avons dit plus haut qu’il était parti avec Abû Tâlib en Syrie, alors qu’il était âgé de douze ans. À l’âge de vingt cinq ans, Abû Tâlib lui dit : « Je n’ai plus de biens, et la situation est devenue très difficile pour nous. Or, il y a une caravane de ton peuple qui est sur le point de partir en Syrie et Khadîdja veut envoyer des gens pour vendre ses marchandises. Si tu veux, va la voir et propose-lui d’en faire partie, elle acceptera volontiers. »
Ayant été informée des propos d’Abû Tâlib adressés au Prophète ﷺ, Khadîdja dit à ce dernier : « Je te donnerai le double de ce que je donne aux gens de ta tribu. » Abû Tâlib dit alors au Prophète : « Voilà un bien qu’Allah te fait parvenir ! »
Il partit donc avec le serviteur de Khadîdja, Maysara, tandis que ses oncles ne cessaient de faire des recommandations aux membres de la caravane pour qu’ils prennent soin de lui. Arrivée à Busrâ, aux confins de la Syrie, la caravane fit une halte. Le Prophète se mit à l’ombre d’un arbre. En le voyant, Nestor un moine qui habitait dans les alentours, dit : « Seul un prophète se met à l’ombre de cet arbre ! » Puis il s’adressa à Maysara : « A-t-il une rougeur dans ses yeux ? » « Oui, répondit ce dernier, et elle ne le quitte jamais. »
« C’est un prophète et il sera le dernier des prophètes » lui dit le moine. Après avoir vendu ses marchandises, un petit malentendu eut lieu entre le Prophète et un homme. Ce dernier lui dit : « Jure par al-Lat et al-‘Uzza ! » « Jamais je n’ai juré par elles, et je ne leur accorde aucun crédit. » « Tu dis vrai » lui dit alors l’homme.
Le Prophète ﷺ retourna à La Mecque et y entra un début d’après-midi, tandis que Khadîdja se trouvait sur sa terrasse. Elle le vit de loin, sur son chameau, alors qu’il était seul protégé du soleil. Ses servantes le virent aussi et en furent étonnées. Le Prophète ﷺ une fois arrivé l’informa des bénéfices qu’ils firent dans leur voyage. Khadîdja en fut très réjouie. Puis, lorsque Maysara entra à son tour, elle le mit au courant de ce qu’elle avait vu. « J’ai commencé à voir cela, dés notre sortie de Syrie » lui répondit-il puis il lui rapporta les propos du moine.
Mention du mariage du Messager d’Allah ﷺ avec Khadîdja (RA)
Nafissa bint Munya a dit : « Khadîdja bint Khuwaylid Ibn Asad Ibn al-‘Uzza Ibn Qusayy était une femme résolue, ferme, noble, appartenant à la noblesse quraychite et possédant de très grandes richesses. Tous les hommes de son peuple désiraient l’épouser ; beaucoup lui ont demandé sa main et lui ont proposé des biens immenses, sans succès. Or, après le retour du Prophète de Syrie, elle m’envoya sonder ses intentions. Je suis allé le voir et je lui ai dit : « Ô Muhammad, qu’est-ce qui t’empêche de te marier ? » « Je n’ai pas de quoi me marier » répondit-il. « Et si on te propose la beauté, la richesse, la noblesse et la compétence ? Que vas-tu répondre ? » ajoutai-je. « De qui parles-tu ? » me dit-il. « De Khadîdja » répondis-je. « Et comment pourrais-je arriver à cela ? » dit-il. « Laisse-moi faire » lui répondis-je. « D’accord » conclut-il. Je suis donc revenue vers Khadîdja et je l’ai informée des résultats de ma mission. Elle lui envoya alors un message pour lui dire d’être présent à telle heure, puis elle envoya chercher son oncle paternel ‘Amrû Ibn Asad afin qu’il soit son tuteur légal. Le Prophète arriva alors en compagnie de ses oncles paternels et le mariage fut conclu entre eux. Le Prophète avait vingt-cinq ans et Khadîdja quarante ans.
Certains historiens rapportent qu’Abû Tâlib assista à la conclusion du contrat de mariage en compagnie des Banû Mudhar. Il fit à cette occasion le discours suivant : « Louange à Allah qui a fait de nous la descendance d’Abraham et la semence d’Ismaël ainsi que l’origine de Ma‘ad et l’élément de Mudhar ; Il a fait de nous les gardiens de Sa maison et les serviteurs de Son lieu sacré. Il nous a donné une Maison voilée et un lieu sacré sûr et a fait de nous les chefs des gens. Cela dit, aucun être ne peut être comparé à mon neveu Muhammad Ibn ‘Abdullah que voici. S’il s’agit de richesse, vous savez tous que la richesse est éphémère et ne dure pas. Or, vous connaissez la parenté de Muhammad. Celui-ci veut demander la main de Khadîdja bint Khuwaylid et il lui donne une dot que j’assume moi-même. Par Allah, il s’agit là d’un heureux événement et d’un fait grandiose ! » Puis le Prophète ﷺ épousa Khadîdja (RA).
Mention des signes de la prophétie chez le Messager d’Allah ﷺ avant qu’il ne reçoive la Révélation
Le cheikh a dit : « Nous avons vu plus haut que lorsqu’Amîna était enceinte, elle vit au moment de son accouchement une lumière qui lui illumina l’Orient et l’Occident. On rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Ma mère a vu une lumière qui lui illumina les palais de Syrie. » Nous avons mentionné aussi l’événement de l’ouverture de sa poitrine alors qu’il était un petit enfant, de même que le récit de Bahîra et du nuage qui l’abritait. Les récits en ce sens sont nombreux et, par souci de concision, nous n’en citerons que quelques-uns.
D’après ‘Amrû Ibn Sa‘îd, Abû Tâlib a dit : « J’étais à Dhûl-Midjâz en compagnie de mon neveu – c’est-à-dire le Prophète – lorsque je fus pris d’une grande soif. Je me plaignis à lui, en disant : « Ô mon neveu, je ressens une grande soif. » Je savais qu’en lui disant cela, il n’avait rien qui puisse me soulager, mais j’ai dit cela par désespoir. C’est alors qu’il plia ses genoux, puis il se pencha vers le sol, et je vis de l’eau en jaillir. « Bois ô mon oncle ! » me dit-il.
Ibn ‘Abbâs ﷺ a dit : « La première chose reçue par le Prophète ﷺ dans la prophétie est une voix qui lui intima l’ordre de se cacher les parties intimes. Depuis, je ne le vis plus jamais découvrant ses parties intimes. »
De son côté, Barra bint Abî Tajria a dit : « Lorsqu’Allah commença à transmettre la Révélation au Prophète, celui-ci sortait de chez lui et s’éloignait au point de ne plus voir de maisons. Il se réfugiait dans les sentiers et dans les lits des oueds et, à chaque fois qu’il passait à côté d’une pierre ou d’un arbre, il entendait une voix qui lui disait : « Que la paix soit sur toi, ô Messager d’Allah ! » Il se tournait vers sa droite puis vers sa gauche, puis derrière lui, mais ne voyait personne. »
Pour sa part, Jâbir Ibn Samura a dit : « Le Messager d’Allah a dit : « Je connais une pierre à La Mecque qui me saluait avant la Révélation. Je la connais jusqu’à aujourd’hui. » (Rapporté par l’imam Ahmed)
Intermède
Lorsque le Prophète ﷺ arriva à l’âge de trente-cinq ans, la Ka‘ba fut reconstruite. Après s’être opposés sur celui à qui échoira l’honneur de déposer la pierre noire dans son angle, les Quraychites acceptèrent à l’unanimité l’arbitrage du Messager d’Allah. En effet, ils convinrent de prendre comme arbitre la première personne qui entrerait à la Ka’ba. Et ce fut le Prophète ﷺ qui y entra le premier. En le voyant, ils s’exclamèrent : « Voici le digne de confiance ! » Il leur dit alors : « Apportez-moi un vêtement. » Il y plaça la pierre noire puis leur dit : « Que (le représentant de) chaque tribu tienne un bout de ce vêtement et soulevez-le en même temps ! » Ensuite, il prit la pierre noire et la plaça dans son angle.
Lorsqu’il arriva à l’âge de quarante ans et un jour, Allah lui accorda la Révélation. Ce fut un lundi.
Mention du début de la révélation
Muslim a rapporté dans son Sahîh que le Prophète ﷺ, ayant été interrogé sur le jeûne du lundi, a répondu : « C’est le jour où je suis né et où j’ai reçu la Révélation. » Abû Hurayra a dit dans cette optique : « Jibrîl est descendu avec la révélation vers le Prophète le vingt-sept du mois de rajab. C’est le premier jour où il descendit. » Quant à Ibn Ishâq, il a dit : « Le Prophète a commencé à recevoir la Révélation au mois de ramadhan. »
De son côté, ‘Aïcha (RA) a dit : « La première chose concernant la révélation que le Prophète ﷺ connut, fut la vision véridique. À chaque fois qu’il avait une vision, elle se manifestait comme le lever du jour. Ensuite, il aima la solitude et allait sur le mont de Hirâ où il s’adonnait à la contemplation ; il était en dévotion nocturne pendant des nuits. Il s’approvisionnait pour cela et, une fois ses provisions épuisées, il revenait vers Khadîdja qui l’approvisionnait de nouveau. Cela dura jusqu’au jour où la vérité lui apparut alors qu’il se trouvait dans la grotte de Hirâ. Il lui fut dit : « Lis ! » Le Prophète ﷺ répondit : « Je ne sais pas lire ! » Il raconta : « Jibrîl me prit et m’enlaça au point où je faillis m’étouffer, puis il me relâcha et dit : « Lis ! » « Je ne sais pas lire, répondis-je encore. Il me prit de nouveau, m’enlaça au point où je faillis m’étouffer. Ensuite, il me relâcha et dit : « Lis ! » « Je ne sais pas lire, ajoutai-je. Il me prit une troisième fois et m’enlaça au point où je faillis m’étouffer, puis il me relâcha en me disant : « Lis au Nom de Ton Seigneur qui a créé ! » (S96. v,1) »
Il retourna alors vers Khadîdja, tremblant, en disant : « Couvrez-moi ! Couvrez-moi ! » Une fois qu’il retrouva sa sérénité, il dit à Khadîdja : « Ô Khadîdja, qu’est-ce qui m’arrive ? » Et il l’informa de ce qui venait de se passer. « J’ai craint pour ma vie » lui dit-il. « Non, réjouis-toi plutôt ! Par Allah, Allah ne te fera jamais d’affront ! Tu respectes les liens de parenté, tu tiens toujours un discours vrai, tu aides les pauvres, tu honores l’hôte et tu soutiens les gens dans leurs malheurs. »
Ensuite, elle l’emmena chez Waraqa Ibn Nawfal Ibn Asad Ibn ‘Abd al-‘Uzza Ibn Qusayy, son cousin paternel. Celui-ci s’était converti au Christianisme à l’époque de la Jâhiliyya ; il transcrivait l’Évangile en langue arabe et en faisait des copies. Mais il était devenu vieux et avait perdu la vue. Khadîdja lui dit : « Ô fils de mon oncle ! Écoute ce que le fils de ton oncle a à te raconter. » « Parle, ô fils de mon frère ! » lui dit Waraqa. Et le Prophète ﷺ lui raconta ce qui venait de lui arriver. À la fin du récit, Waraqa s’écria : « C’est le Nâmûs (L’Esprit saint) qui venait à Moïse (). Ah ! Si je pouvais être encore jeune lorsque tes compatriotes te feront exiler ! » « Serai-je donc exilé ? » lui demanda le Prophète ﷺ « Oui, répondit Waraqa, car aucun homme n’a apporté ce que tu apportes sans susciter de l’animosité de la part de ses compatriotes. Si je suis encore vivant, ce jour-là, je te soutiendrai fermement ! »
Mais Waraqa ne tarda pas à mourir. Ensuite, la révélation cessa de parvenir au Prophète ﷺ qui en fut très attristé – d’après ce qui nous a été rapporté – au point de penser à plusieurs reprises se jeter du haut des montagnes. Or, dans ces moments-là Jibrîl () lui apparaissait et lui disait : « Ô Muhammad, tu es réellement le Messager d’Allah ! » Le Prophète ﷺ retrouvait alors sa sérénité et patientait. Il revenait chez lui. Puis lorsque la révélation tardait encore à venir, la même scène se répétait. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
En outre, Jâbir Ibn ‘Abdullah ﷺ a dit : « J’ai entendu le Prophète ﷺ parler de la période de la cessation de la révélation en disant : « Tandis que je marchais, j’ai entendu une voix venant du ciel ; j’ai levé mes yeux et voilà que je vis l’ange qui m’était venu à Hirâ, entre ciel et terre. Sa vision me remplit de frayeur, et je courus chez moi en disant : « Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! » Peu après, Allah fit révéler : « Ô toi qui te couvres !… » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Mention de la manière dont la Révélation parvenait au Prophète ﷺ
D’après ‘Aïcha (RA), al-Hârith Ibn Hâchim avait interrogé le Prophète ﷺ sur la manière dont la Révélation lui parvenait, et ce dernier lui répondit : « Parfois, elle me vient sous forme d’un cliquetis de cloche ; c’est cette forme-là qui est la plus pénible pour moi ; lorsque ce cliquetis me quitte, j’ai déjà assimilé ce qu’il me révèle ; parfois, l’ange me vient sous la forme d’un homme et me parle ; je comprends alors ce qu’il me dit. » ‘Aïcha (RA) a dit aussi : « Je l’ai vu alors que la Révélation descendait sur lui en période de grand froid ; puis lorsqu’elle s’arrêtait, son front ruisselait de sueur. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
En outre, Ya’la Ibn Umayya avait un jour dit à ‘Umar ﷺ : « Je voudrais bien voir le Prophète ﷺ au moment de la descente de la Révélation sur lui. » Plus tard, lorsque le Prophète se trouvait à al-Ju’râna, un homme vint le voir pour lui demander une chose. C’est alors que la Révélation commença à lui parvenir. ‘Umar appela alors Ya’la pour voir le Prophète ﷺ qui recevait la Révélation. Ya’la regarda sous la tente où se trouvait le Prophète et le vit le visage rouge, émettant une sorte de râlement. Cela dura un moment puis il retrouva son état normal.
Par ailleurs, Zayd Ibn Thâbit ﷺ a dit : « J’étais un jour en compagnie du Prophète, lorsqu’il reçut la révélation. Une grande sérénité s’empara de lui. Sa cuisse était placée sur la mienne, lorsqu’il fut envahi par cette sérénité et, par Allah, je n’ai jamais ressenti une chose plus lourde que sa cuisse. Ayant retrouvé son état normal, il se tourna vers moi et me dit : « Écris, ô Zayd ! »
D’après Zayd Ibn Thâbit encore, le Prophète ﷺ lui dicta alors de mettre par écrit ce verset : «Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux et ceux qui luttent corps et biens dans la voie d’Allah… » (S4. v,95) À ce moment-là entra Ibn Um Maktum qui était aveugle ; il dit au Prophète : « Par Allah, ô Messager d’Allah, si je pouvais faire le jihâd, je le ferai ! » C’est alors que la Révélation descendit sur le Prophète tandis que je sentais un poids sur ma cuisse au point de craindre qu’elle ne soit écrasée. Ensuite, il retrouva son état normal et Allah lui révéla ceci : « exception faite de ceux qui sont atteints d’une infirmité… » (S4. v,95)
De son côté, ‘Ubâda Ibn as-Sâmit a dit : « Lorsque la Révélation parvenait au Prophète, il se trouvait envahi par une sorte d’anxiété et son visage s’assombrissait. »
Pour sa part, Abû Arwa ad-Dusî a dit : « J’ai vu la révélation descendre sur le Prophète alors qu’il se trouvait sur sa monture ; celle-ci se couvrait d’écume et supportait au point où je croyais qu’elle allait se casser les pattes ; des fois, elle pliait et des fois elle se cambrait, jusqu’à ce que la révélation cesse. »
Mention du jet de météorites contre les démons au moment de sa mission ﷺ
Les biographes du Prophète rapportent que les Quraychites virent des météorites lancés dans le ciel, pendant vingt jours, au temps de l’envoi du Messager d’Allah ﷺ. En voici l’explication :
Ibn ‘Abbâs ﷺ a dit : « Il arriva que les nouvelles du ciel ne parvinrent plus aux démons et que des météorites furent lancés contre eux. Ils se dirent alors les uns aux autres : « Si les nouvelles du ciel ne nous parviennent plus, c’est peut être à cause d’un événement qui vient de se produire. Allez aux confins de l’Orient et de l’Occident, et voyez qu’est-ce qui vient de se produire et qui empêche les nouvelles du ciel de vous parvenir ! » Ceux qui se dirigèrent du côté de Tuhâma, trouvèrent le Prophète à Nakhla, un endroit situé à une nuit de marche de La Mecque, alors que celui-ci ﷺ se dirigeait vers le marché de ‘Okkâdh en compagnie d’un groupe de ses compagnons. Il s’était arrêté pour faire la prière de l’aube avec ses compagnons. Or lorsque ces démons entendirent la récitation du Coran, ils se dirent : « C’est cela qui vient de s’interposer entre nous et les nouvelles du ciel ». Ils revinrent donc vers leur peuple et dirent : « …Nous avons entendu une révélation étonnante ; elle conduit à la sagesse et nous y avons ajouté foi, aussi ne donnerons-nous jamais d’associés à notre Seigneur. » (S72. v,1-2)
Ibn ‘Abbâs ﷺ a dit aussi : “ Les djinns avaient l’habitude d’écouter la Révélation ; ils entendaient une parole et en ajoutaient dix ; de ce fait, ce qu’ils entendaient était vrai et ce qu’ils en ajoutaient était faux. Avant la révélation, les météorites n’étaient pas lancés, mais après l’envoi du Prophète ﷺ, à chaque fois qu’un démon voulait écouter les informations du ciel, on lui jetait des météorites qui le brûlaient ; les démons allèrent se plaindre à Iblis qui leur dit : « Ceci ne peut avoir de cause qu’un événement important qui vient de se produire. » Il envoya donc ses suppôts qui parcoururent la terre, et c’est là qu’ils virent le Prophète faire la prière entre les deux montagnes de Nakhla. Ils revinrent vers Iblis et le mirent au courant de ce qu’ils venaient de voir. « Voilà l’événement qui vient de se produire sur terre. »
Le cheikh a dit : « Ce hadîth prouve qu’il n’y avait pas de jet de météorites avant l’envoi du Prophète. Nous avons rapporté qu’az-Zuhrî a dit, quant à lui : « Il y avait, certes, un jet de météorites, avant l’envoi du Prophète, mais après son envoi, ce jet s’accentua et devint plus fréquent. »
Mention de la reconnaissance des gens du Livre quant à son envoi ﷺ
Ka‘b al-Ahbâr a dit : « Nous trouvons la description du Prophète dans la Torah de la manière suivante : « Muhammad Ibn ‘Abdallah, Mon serviteur élu ; son lieu de naissance sera La Mecque et son lieu d’émigration Médine. Il n’est ni dur ni rude et il ne fait pas de tapage dans les marchés. »
En outre, d’après Abû Hurayra ﷺ, le Prophète ﷺ alla un jour dans une école juive et dit à ses occupants : « Amenez-moi le plus savant d’entre vous. » Ils lui répondirent : « Le plus savant d’entre nous est ‘Abdallah Ibn Surâya. » Le Prophète s’isola avec lui et lui prêcha l’Islam et lui dit : « Je te conjure par Celui qui a accordé Ses bienfaits aux fils d’Israël et leur a donné la manne et les cailles, de même qu’Il les a abrités sous un nuage, reconnais-tu que je suis le Messager d’Allah ? » « Oui, répondit l’érudit juif, et tous les savants juifs savent ce que je sais ; ta description et tes caractéristiques se trouvent dans la Torah, mais ils t’ont jalousé. » « Et qu’est-ce qui t’empêche, toi, de croire en moi ? » lui dit le Prophète ﷺ. « Je ne veux pas me mettre en porte à faux avec mon peuple ; mais il se peut qu’ils finissent par croire en toi et par se convertir à l’Islam et j’en ferai de même. »
Par ailleurs, d’après Ibn ‘Abbâs ﷺ, les juifs des Banû Quraydha, d’an-Nadhîr, de Fadak et de Khaybar trouvaient la description du Prophète dans leurs Écritures avant son envoi et que le lieu de son émigration serait Médine. Le jour où il naquit, les rabbins dirent : « Ahmed est né cette nuit. » Lorsqu’il reçut la Révélation, ils dirent : « Ahmed vient de recevoir la révélation ». Ils savaient cela et le confirmaient. Mais seuls la jalousie et l’orgueil les empêchèrent de croire en lui. »
De son côté, ‘Abd al-Hamîd Ibn Ja‘far a rapporté d’après son père : « az-Zubayr Ibn Batta – le plus érudit parmi les juifs – disait : « J’ai trouvé un livre que mon père me cachait ; dans ce livre, il y est dit qu’Ahmed est un prophète qui a telle et telle caractéristique ». Az-Zubayr informa les gens sur ce livre alors que le Prophète n’était pas encore envoyé. Mais dés qu’il entendit parler de son envoi en tant que Prophète, il prit ce livre et effaça toute trace faisant allusion au Prophète, en disant aux gens qu’il n’y avait rien dans ce livre le concernant.
En outre, Salama Ibn Salâma Ibn Waqch a dit : « Nous avions un voisin parmi les juifs au sein des Banû ‘Abd al-Achhal. Un jour, alors que l’envoi du Prophète ﷺ était imminent, il sortit de sa maison et vint trouver le conseil des Banû ‘Abd al-Achhal. J’étais à cette époque le plus jeune des membres de ce conseil ; j’étais vêtu d’une cape et allongé dans la cour de mes parents. Il parla de la résurrection, du jugement dernier, de la balance des actes, du paradis et de l’enfer. Comme les gens auxquels il s’adressait étaient des polythéistes qui ne croyaient pas en la résurrection après la mort, ils lui dirent : « Malheur à toi, ô untel ! Tu crois vraiment que les gens seront ressuscités après leur mort et se retrouveront dans un autre monde où il y a un paradis et un enfer et où ils y seront jugés pour leurs actes ? » « Oui, leur répondit-il, et ceux qui n’y croient pas désireront être enfermés dans un four de ce bas monde plutôt que de subir le châtiment de ce feu qui les attend là-bas ! » « Malheur à toi, lui dirent-ils, quel est le signe de cela ? » « Ce sera, ajouta-t-il, un Prophète qui sera envoyé de ce côté-là. » Et il indiqua avec sa main la direction de La Mecque et du Yémen. « Et quand sera-t-il envoyé à ton avis ? » Il regarda vers moi qui était le plus jeune parmi eux, ajouta Salama et dit : « Si ce jeune homme vit assez longtemps, il le verra » répondit-il.
Salama ajoute : « Par Allah, peu de temps passa lorsqu’Allah envoya Son messager ; nous crûmes en lui, alors qu’az-Zubayr Ibn Batta le renia par jalousie et orgueil. Comme nous lui dîmes : « Malheur à toi, ô untel, n’est-ce pas toi qui nous a dit à son sujet ce que tu nous as dit ? » « Oui, répondit-il, mais je n’ai pas à le suivre. »
Mention du début de l’appel des gens à l’Islam par le Prophète ﷺ
‘Abd ar-Rahmân Ibn al-Qâsim a rapporté selon son père que le Messager d’Allah ﷺ avait prêché l’Islam trois ans en secret, puis il reçut l’ordre de proclamer ouvertement son message.
Ya‘qûb Ibn ‘Utba a dit de son côté : « Abû Bakr, ‘Uthmân, Sa‘îd Ibn Zayd et Abû ‘Ubayda Ibn al-Jarrâh appelaient à l’Islam en secret, alors que ‘Umar et Hamza appelaient publiquement. En apprenant cela, les Quraychites se mirent en colère. »
Mention d’une partie de ses miracles
Sache que les miracles du Prophète ﷺ sont nombreux ; nous allons en citer quelques-uns. Certes, le plus grand de ses miracles est le saint Coran qui, même si les hommes et les djinns, se réunissaient pour en faire un semblable, ils n’y arriveraient pas.
Ibn Mas‘ûd ﷺ a dit : « La lune s’est fendue en deux parties au temps du Prophète, permettant aux Quraychites de voir ce miracle. Le Prophète ﷺ leur dit : « Soyez témoins ! » Le récit sur cette coupure de la lune a été rapporté par Ibn ‘Umar, Ibn ‘Abbâs et Anas, dans le Sahîh.
De son côté, ‘Imrân Ibn Haçîn a dit : « Nous étions en voyage avec le Prophète et nous avions beaucoup marché. Ce n’est qu’à la fin de la nuit que nous avions fait halte. Or, il n’y a pas de meilleure halte chez le voyageur que celle de la nuit. Et seuls les rayons du soleil nous réveillèrent. Le premier à se réveiller fut untel, puis untel, puis untel, puis ‘Umar Ibn al-Khattâb ﷺ le quatrième. Quant au Prophète, lorsqu’il dormait, nous ne voulions pas le réveiller jusqu’à ce qu’il se réveille de lui-même car nous ne savions pas ce qui lui arrivait au cours de son sommeil. Mais lorsque ‘Umar se réveilla et vit ce qui venait de se passer, il se mit à glorifier Allah et à élever sa voix. Il est vrai qu’il était un homme fort et à la voix qui portait. Il ne cessa de glorifier Allah jusqu’à ce que le Prophète ﷺ se réveille. À son réveil, les gens se plaignirent à lui du manque d’eau. « Vous n’avez pas à vous tracasser, leur dit-il, quittons cet endroit. » Nous marchâmes un peu, puis il descendit de sa monture et demanda un peu d’eau pour ses ablutions. Il fit ses ablutions et dirigea la prière commune. À la fin de la prière, il remarqua un homme qui demeurait en retrait des gens, n’ayant pas fait la prière avec eux. « Qu’est-ce qui t’a empêché de faire la prière avec les gens ô untel ! » « Je suis en état d’impureté majeure, ô Messager d’Allah, et je n’ai pas d’eau » répondit l’homme. « Fais tes ablutions sèches avec du sable, cela te suffira » lui dit-il.
Ensuite, le Prophète ﷺ ordonna de continuer la marche, mais les gens se plaignirent à lui de la soif intense car l’eau était cette fois épuisée. Il appela alors un homme, ainsi que ‘Alî ﷺ et leur dit : « Allez nous chercher de l’eau ! » Ils partirent donc et trouvèrent une femme portant deux outres d’eau sur son chameau. Ils lui dirent : « Où se trouve la source d’eau ? » « C’est à une journée d’ici » répondit-elle. « Viens avec nous » lui dirent-ils. « Où ça ? » demanda-t-elle. « Chez le Messager d’Allah » ajoutèrent-ils. « Est-ce cet homme qu’on accuse d’avoir renié la religion de ses ancêtres ? » dit-elle. « Oui, c’est lui auquel tu fais allusion » répondirent-ils. Ils l’amenèrent donc auprès du Prophète et lui répétèrent les propos qu’elle avait tenus. On aida cette femme à descendre de son chameau, puis le Prophète ﷺ demanda qu’on lui apporte un ustensile dans lequel il versa le contenu des deux outres, avant de refermer leurs bouches. On appela ensuite les gens à venir se désaltérer et faire boire leurs chameaux. Ceux qui désiraient se désaltérer le firent et ceux qui désiraient abreuver leurs chameaux le firent aussi. À la fin, le Prophète ﷺ appela l’homme qui était en état de souillure et lui donne un récipient d’eau en lui disant de le verser sur lui. La femme était debout et voyait ce qu’on faisait de son eau. Par Allah, les deux outres étaient toujours remplies et il nous sembla qu’elles étaient encore plus remplies qu’auparavant. Le Prophète ﷺ dit alors : « Amassez-lui de la nourriture. » On lui donna des dattes, de la semoule et du sawîq, en grande quantité, qu’on mit dans un vêtement et qu’on plaça sur son chameau. Puis il lui dit : « Tu sais, bonne dame, que tu n’as pas été lésée, mais c’est Allah qui nous a abreuvés. »
La femme retourna auprès de sa famille qui était inquiète de son retard. À leur question sur les raisons de ce retard, elle répondit : « J’ai vu des choses vraiment étonnantes ! Deux hommes m’ont accostée et m’ont emmenée chez cet homme dont on dit qu’il a renié la religion de ses ancêtres. Il a fait de mon eau ceci et cela. Par Allah, il est réellement le Messager d’Allah ! » ‘Imrân ajoute : « Par la suite, lorsque les musulmans bataillaient contre les polythéistes qui faisaient partie de la tribu de cette femme, ils veillaient à ne pas attaquer la famille de cette femme. Un jour, elle dit à son peuple : « Je ne comprends pas pourquoi vous suivez ces gens qui vous incitent à combattre cet homme ? Ne serait-il pas mieux pour vous que vous embrassiez l’Islam ? » Ils lui obéirent et embrassèrent l’Islam. (Rapporté dans les deux Sahîh)
Pour sa part, Anas Ibn Mâlik ﷺ rapporte que le Prophète ﷺ se trouvait à az-Zawrâ, lorsqu’il se fit apporter un récipient où se trouvait un peu d’eau qui suffisait seulement à couvrir ses doigts. Il ordonna à ses compagnons de faire leurs ablutions, et avant cela il mit sa main dans l’eau, et voilà que l’eau se mit à jaillir d’entre ses doigts et le bout de ses doigts, jusqu’à ce que tous les compagnons aient fini leurs ablutions. Il a été demandé à Anas : « Combien étiez-vous à ce moment-là ? » « Trois cents » répondit-il. (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, Jâbir ﷺ a dit : « Les gens ressentirent la soif le jour d’al-Hudaybiyya, alors que le Prophète ﷺ avait sur lui un petit récipient d’eau. Il fit ses ablutions, puis vit les gens qui venaient vers lui. « Qu’avez-vous ? » leur demanda-t-il. « Ô Messager d’Allah, répondirent-ils, nous n’avons pas d’eau pour faire nos ablutions, et nous n’avons que ton petit récipient pour boire. » Il mit alors sa main dans le petit récipient, et voilà que l’eau se mit à jaillir entre ses doigts comme des fontaines. Nous bûmes et fîmes nos ablutions. » Le narrateur du hadîth dit : « J’ai dit à Jâbir : « Combien étiez-vous ? » Il m’a répondu : « Si nous étions cent mille, cette eau nous aurait suffi ! Nous étions mille cinq cents. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Dans ce même ordre d’idées, Anas Ibn Mâlik ﷺ rapporte ceci : « Les gens furent touchés par une sécheresse du temps du Prophète ﷺ. Tandis que ce dernier était en train de faire un prêche sur la chaire de la mosquée, un jour de vendredi, un bédouin se leva et lui dit : « Ô Messager d’Allah, les récoltes et le bétail sont perdus et les gens souffrent de la faim ! Invoque Allah afin qu’Il nous donne de la pluie ! » Le Prophète leva ses deux mains au ciel, alors qu’il n’y avait dans le ciel aucun nuage, si léger soit-il, puis des nuages commencèrent à s’amonceler et devinrent telles des montagnes. Or avant qu’il ne descende de sa chaire, nous vîmes l’eau de pluie ruisseler de sa barbe. La pluie tomba ce jour-là, puis le lendemain, puis le surlendemain, jusqu’au vendredi prochain. Alors, le même bédouin se leva de nouveau et dit : « Ô Messager d’Allah, les maisons se sont effondrées et le bétail est noyé ! Invoque Allah en notre faveur. » Le Prophète ﷺ leva ses deux mains au ciel et dit : « Mon Dieu, autour de nous et non sur nous. » Puis, à chaque fois qu’il dirigeait sa main vers une direction du ciel, on voyait une éclaircie jusqu’à ce que la pluie s’arrête de tomber. Médine devint alors comme une grande fosse traversée par une grande rivière, pendant un mois. À chaque fois que quelqu’un arrivait d’un côté ou d’un autre de la ville, il parlait de la grande abondance qui y régnait. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Jâbir Ibn ‘Abdallah ﷺ a dit : « Il y avait à Médine un tronc d’arbre sur lequel s’appuyait le Prophète dans ses prêches. Lorsqu’on lui construisit une chaire, nous entendîmes ce tronc pousser des cris semblables à ceux d’une chamelle sur le point de mettre bas. Cela dura jusqu’à ce que le Prophète descende de sa chaire et mette sa main sur le tronc. » (Rapporté par al-Bukhârî)
Par ailleurs, Muhammad Ibn Sa‘d rapporte, d’après quelques-uns de ses maîtres, que lorsque les Quraychites s’entendirent entre eux pour ne plus conclure de mariages avec les Banû Hâchim, ne plus commercer avec eux et ne plus les fréquenter, ces derniers restèrent pendant trois ans dans leur campement, soumis à un boycott. Puis Allah informa Son messager de ce qu’il advint de leur document qui fut rongé par les mites. Seul y resta le nom d’Allah. Le Prophète ﷺ en informa Abû Tâlib qui lui dit : « Est-ce vrai ce que tu me dis là, ô fils de mon frère ? » « Oui, par Allah ! » répondit le Prophète. Abû Tâlib en parla à ses frères et leur dit : « Par Allah, il ne m’a jamais menti jusqu’à ce jour ! » « Que faut-il faire à ton avis ? » lui dirent ses frères. « Je pense que vous devriez mettre vos plus beaux habits et aller en parler aux Quraychites avant que l’information ne se répande. » Ils sortirent donc et marchèrent jusqu’à ce qu’ils arrivent à la Ka‘ba. Abû Tâlib dit aux Quraychites : « Nous sommes venus pour une chose très importante et nous voulons que vous nous répondiez. » « Vous êtes les bienvenus » répondirent ces derniers.
« Le fils de mon frère, dit Abû Tâlib, m’a informé, lui qui ne m’a jamais menti, qu’Allah a envoyé des mites contre le document que vous avez écrit et elles ont rongé tout ce qu’il contient comme injustices, torts ou ruptures des liens de parenté, ne laissant que le nom d’Allah. Si le fils de mon frère dit vrai, vous êtes tenus de remettre en cause votre accord, et s’il ment à ce sujet, je vous le livre pour en faire ce que vous voulez. » « Tu es très équitable » répondirent-ils. Ils se précipitèrent alors vers le document et, en y arrivant, ils virent qu’il était comme le Prophète l’avait décrit. Ils en furent tous confus. Abû Tâlib leur dit alors : « Savez-vous maintenant qui mérite le plus le tort et la rupture ? » Aucun d’entre eux ne répondit, puis ils s’éloignèrent.
Mention de quelques exemples de ses prédictions
D’après Abû Hurayra ﷺ, le Prophète ﷺ a dit : « Lorsque Chosroès mourra, il n’y aura pas de Chosroès après lui, et lorsque César mourra, il n’y aura pas de César après lui ; par Celui qui tient mon âme dans Sa main, vous dépenserez leurs trésors dans la voie d’Allah ! » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Abû Hurayra a dit aussi : « Nous étions en compagnie du Prophète ﷺ à Khaybar, lorsqu’il dit au sujet d’un homme qui se prétendait musulman : « Cet homme-là fait partie des gens du feu. » Or, lorsque la bataille commença, cet homme combattit avec fougue jusqu’à ce qu’il soit blessé. On dit alors au Prophète : « Ô Messager d’Allah, l’homme dont tu as dit qu’il faisait partie des gens du Feu, a combattu avec fougue jusqu’à ce qu’il meure. » Mais le Prophète répéta qu’il faisait partie des gens du feu. Certains hommes faillirent vaciller dans leur foi, puis on finit par apprendre qu’il n’était pas mort, mais sérieusement blessé. Durant la nuit, ne pouvant supporter ses souffrances, il mit fin à sa vie. Lorsque le Prophète fut informé de cela, il s’écria : « Allah est Grand ! Je témoigne que je suis le serviteur d’Allah et Son messager ! » Ensuite, il ordonna à Bilâl ﷺ de faire cette proclamation : « Seule une âme soumise à Allah entrera au paradis, et Allah fera triompher cette religion par l’homme pervers. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, ‘Abdallah Ibn Mas ‘ûd ﷺ a rapporté ceci : « Sa‘d Ibn Mu‘âdh est parti un jour faire le petit pèlerinage, et il est descendu chez Umayya Ibn Khalaf. Et lorsque ce dernier allait à Médine, il descendait à son tour chez Sa‘d. Umayya dit à son ami : « Attends qu’on soit au milieu de la journée, lorsqu’il n’y aura pas beaucoup de monde, et tu iras faire tes tournées rituelles. » Tandis que Sa‘d faisait ses tournées autour de la Ka‘ba, Abû Jahl lui dit : « Qui fait ses tournées autour de la Ka’ba ? » « C’est moi Sa‘d » répondit ce dernier. « Tu fais tes tournées autour de la Ka‘ba, en toute sécurité, alors que vous avez donné asile à Muhammad et à ses compagnons ! » dit Abû Jahl. « Oui » s’exclama Sa‘d. Les deux hommes s’échangèrent des propos, puis Umayya conseilla à Sa‘d : « N’élève pas ta voix sur celle d’Abî al-Hakam, car il est le maître des gens de cette vallée ! » « Par Allah, dit Sa‘d à Abû Jahl, si tu m’empêches de faire mes tournées autour de la Ka‘ba, j’empêcherai tes caravanes d’aller en Syrie ! » Et comme Umayya continuait de dire à Sa‘d de ne pas élever sa voix sur celle d’Abû Jahl, en lui tenant la main, Sa‘d exaspéré dit à ce dernier : « Laisse-moi, d’ailleurs j’ai entendu le Prophète dire qu’il te tuera ! » « Moi ? » dit Umayya. « Oui » répondit Sa‘d. Umayya dit alors : « Par Allah, nous n’avons jamais vu Muhammad mentir en parlant ! »
Il retourna chez sa femme et lui dit : « Sais-tu ce que mon frère le yathribien m’a dit ? Il a prétendu avoir entendu Muhammad dire qu’il me tuera. » « Par Allah, lui dit sa femme, Muhammad n’a jamais menti ! »
Plus tard, lorsque les Quraychites partirent à Badr, la femme d’Umayya lui dit : « Ne te rappelles-tu pas ce que t’a dit ton frère le yathribien ? » Umayya se rappela les propos de Sa‘d et décida de rester chez lui. Mais Abû Jahl lui dit : « Tu fais partie des nobles de Quraych ; marche avec nous un jour ou deux au moins. » Il sortit avec eux et il mourut. »
Anas ﷺ a dit pour sa part : « Nous étions avec ‘Umar, entre La Mecque et Médine, et nous scrutions le croissant. Comme j’avais une vue très perçante, je l’aperçus. « Ne le vois-tu pas ? » dis-je à ‘Umar. « Je le verrai, me répondit-il, lorsque je serais allongé sur mon lit. » Ensuite, il se mit à nous parler des gens de Badr, en nous disant : « Le Messager d’Allah nous a montré le lieu du trépas de chacun d’eux la veille de la bataille, en nous disant : « Là sera le lieu du trépas d’untel demain, si Allah le veut ; là sera le lieu du trépas d’untel demain, si Allah le veut. » Le lendemain, chacun tomba dans le lieu indiqué. Je lui ai dit, à la fin de la bataille : « Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité ! Ta vision ne s’est pas trompée ! Chacun est tombé là où tu l’as indiqué ! » Ensuite, il ordonna qu’ils soient mis dans un puits, puis il se mit debout devant le puits et dit : « Ô untel et untel, avez-vous trouvé ce qu’Allah vous a promis, car moi j’ai trouvé ce qu’Allah m’a promis ! » Je lui ai dit alors : « Ô Messager d’Allah, tu parles à des cadavres sans vie ? » « Tu entends comme eux ce que je leur dis, mais ils ne peuvent répondre. » (Rapporté par Muslim)

Mention des torts et des persécutions que le Prophète () eut à subir de la part des polythéistes, et auxquels il fit face avec patience
De son vivant, Abû Tâlib défendait le Prophète (). Mais lorsque ce dernier eut quarante-neuf ans, huit mois et dix jours, son oncle Abû Tâlib mourut au mois de chawwâl de l’année dix de la révélation, alors qu’il était âgé de quatre vingts et quelques années.
Un mois et cinq jours après, ce fut le tour de Khadîdja (RA). D’autres sources ajoutent qu’elle mourut trois jours après. Elle avait soixante-cinq ans. Or les Quraychites s’abstenaient de faire ouvertement du tort au Prophète () tant qu’Abû Tâlib était vivant ; mais lorsque celui-ci mourut, ils intensifièrent leurs persécutions à son encontre. Trois mois après la mort de Khadîdja, le Prophète () partit en compagnie de Zayd Ibn Hâritha () vers at-Tâïf où il resta pendant un mois avant de revenir à La Mecque, entrant alors sous la protection de Mut’im Ibn ‘Adiyy. Mais il ne cessait de subir les torts des Quraychites.
‘Abdullah Ibn Mas‘ûd () a dit : « Je n’ai jamais vu le Prophète invoquer contre les Quraychites, à part une fois. Il était en train de prier, alors qu’un groupe d’entre eux était assis derrière lui. Tout prés de lui, il y avait des abats d’un mouton. Les Quraychites se dirent alors : « Qui veut prendre ces abats et les jeter sur son dos ? » « Moi » répondit ‘Uqba Ibn Mu’yit. Il prit donc les abats et les jeta sur le dos du Prophète () alors que celui-ci était prosterné. Il resta ainsi jusqu’à ce que Fâtima (qu’Allah l’agréé) arrive et les lui enlève. Le Prophète () dit alors : « Mon Dieu, occupe-toi de ce groupe de Quraychites ! Mon Dieu, occupe-toi de ‘Utba Ibn Rabi‘a ! Mon Dieu, occupe-toi de Chayba Ibn Rabi‘a ! Mon Dieu, occupe-toi d’Abî Jahl Ibn Hichâm ! Mon Dieu, occupe-toi de ‘Uqba Ibn Abî Mu’ayt ! Mon Dieu, occupe-toi d’Ubayy Ibn Khalaf ou d’Umayya Ibn Khalaf. »
‘Abdullah ajoute : « Je les ai tous vus mourir le jour de Badr, avant d’être placés dans un ancien puits, sauf Umayya Ibn Khalaf qui était très gros et dont les membres se disloquèrent. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
En outre, ‘Urwa Ibn az-Zubayr rapporte que ‘Aïcha (RA) lui a dit avoir demandé au Prophète : « As-tu vécu un jour plus dur que celui d’Uhud ? » Il m’a répondu : « Ce que j’ai enduré de plus dur de la part de ton peuple, c’est le jour d’al-‘Aqaba où j’ai sollicité la protection d’Ibn ‘Abd Yalîl Ibn ‘Abd Kulâl, mais celui-ci n’a pas voulu répondre à ma sollicitation. Je suis donc parti, triste, sans me rendre compte où j’allais jusqu’à ce que je me retrouve à Qarn at-Tha’âlib. J’ai levé les yeux vers le ciel et j’ai vu un nuage qui me couvrait ; j’ai regardé et j’y ai vu Jibrîl () qui m’appela et me dit : « Allah a entendu les propos de ton peuple et leur réponse à tes prêches ; Il envoie avec moi l’ange des montagnes pour que tu lui ordonnes ce que tu veux. » L’ange des montagnes me dit alors après m’avoir salué : « Ô Muhammad, si tu veux que je plie sur eux les deux monts de La Mecque, ordonne-le ! » Le Prophète lui répondit : « Non, je préfère qu’Allah fasse sortir de leurs reins ceux qui L’adorent sans rien Lui associer. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
D’après ‘Urwa toujours : « J’ai dit à ‘Abdallah Ibn ‘Amrû Ibn al-‘As : « Raconte-moi quelle est la chose la plus abominable commise par les polythéistes à l’encontre du Prophète. » Il m’a répondu : « Le Prophète se trouvait, un jour, dans le parvis de La Mecque, lorsque ‘Uqba Ibn Abî Mu’ayt arriva derrière lui, lui enroula son manteau autour de son cou et se mit à serrer fortement. C’est alors qu’Abû Bakr arriva en courant et repoussa ‘Uqba Ibn Abî Mu’ayt en disant : « Voulez-vous tuer un homme qui vous dit qu’Allah est son Seigneur, alors qu’il vous a apporté des preuves évidentes de la part de votre Seigneur ? »
Mention de son ascension
C’est lorsque le Prophète () eut atteint l’âge de cinquante ans et trois mois, qu’il reçut les djinns de Nasibîn qui embrassèrent l’Islam. Et c’est à l’âge de cinquante et un ans et neuf mois, qu’il accomplit son voyage nocturne à al-Quds.
D’après Anas Ibn Mâlik Ibn Sa’sa’a le Prophète () leur a raconté le voyage nocturne qu’il fit à al-Quds en ces termes : « Tandis que j’étais allongé, un visiteur (un ange) vint à moi et dit à son compagnon : « C’est celui qui se trouve au milieu. » Il vint à moi et prit place.
Anas () ajoute : « J’ai entendu Qatâda dire : « Il fendit de ce côté-ci jusqu’à ce côté-là. C’est-à-dire de la fente de sa gorge jusqu’à son nombril. »
Le Prophète () continue : « Il fit sortir mon cœur puis il apporta un récipient en or plein de foi et il lava mon cœur avant de le remplir de foi ; ensuite, il le remit à sa place, avant de m’apporter une bête plus petite que la mule et plus grande que l’âne. ». Al-Jarûd dit à Anas : « Est-ce al-Burâq, ô Abû Hamza ? » « Oui, répondit Anas. »
Le Prophète () ajoute : « Je fus placé sur cette monture et Jibrîl m’emmena jusqu’à ce qu’il arrive au ciel de ce bas monde. Il demanda qu’on lui ouvre « Qui est là ? » lui dit-on. « Jibrîl » répondit-il. « Qui est avec toi ? » « Muhammad » répondit-il. « A-t-il été mandé ? » « Oui » répondit-il. « Bienvenue à lui. Il est le meilleur des visiteurs. » On nous ouvrit alors et j’y trouvai Adam. Jibrîl me dit : « Voici ton père Adam ; salue-le. » Je l’ai salué et il m’a rendu mon salut en me disant : « Bienvenue au fils vertueux et au Prophète vertueux ! » On me fit monter ensuite au deuxième ciel. Jibrîl demanda qu’on lui ouvre. On lui dit : « Qui est-là ? » « Jibrîl » répondit-il. « Qui est avec toi ? » « Muhammad » répondit-il. « A-t-il été mandé ? » « Oui » répondit-il. « Qu’il soit le bienvenu, lui dit-on, il est le meilleur des visiteurs. » On nous ouvrit et j’y trouvai Jean (Yahya) et Jésus (‘Issâ) qui sont des cousins maternels. Jibrîl me dit : « Voici Jean et Jésus, salue-les. » Je les saluai et ils me rendirent mon salut, en me disant : « Bienvenue au frère vertueux et au Prophète vertueux. »
On me fit monter ensuite au troisième ciel. Jibrîl demanda qu’on lui ouvre. On lui dit : « Qui est là ? » « Jibrîl » répondit-il. « Qui est avec toi ? » « Muhammad » répondit-il. « A-t-il été mandé ? » « Oui » répondit-il. « Qu’il soit le bienvenu, lui dit-on, il est le meilleur des visiteurs. » On nous ouvrit et j’y trouvai Joseph (Yûsuf). Jibrîl me dit : « Voici Joseph, salue-le. » Je le saluai et il me rendit mon salut, en me disant : « Bienvenue au frère vertueux et au Prophète vertueux. »
On me fit monter ensuite au quatrième ciel. Jibrîl demanda qu’on lui ouvre. On lui dit : « Qui est là ? » « Jibrîl » répondit-il. « Qui est avec toi ? » « Muhammad » répondit-il. « A-t-il été mandé ? » « Oui » répondit-il. « Qu’il soit le bienvenu, lui dit-on, il est le meilleur des visiteurs. » On nous ouvrit et j’y trouvai Idriss. Jibrîl me dit : « Voici Idriss, salue-le. » Je le saluai et il me rendit mon salut, en me disant : « Bienvenue au frère vertueux et au Prophète vertueux. »
On me fit ensuite monter au cinquième ciel. Jibrîl demanda qu’on lui ouvre. On lui dit : « Qui est là ? » « Jibrîl » répondit-il. « Qui est avec toi ? » « Muhammad » répondit-il. « A-t-il été mandé ? » « Oui » répondit-il. « Qu’il soit le bienvenu, lui dit-on, il est le meilleur des visiteurs. »
On nous ouvrit et j’y trouvai Aaron. Jibrîl me dit : « Voici Aaron, salue-le. » Je le saluai et il me rendit mon salut, en me disant : « Bienvenue au frère vertueux et au Prophète vertueux. »
On me fit monter ensuite au sixième ciel. Jibrîl demanda qu’on lui ouvre. On lui dit : « Qui est là ? » « Jibrîl » répondit-il. « Qui est avec toi ? » « Muhammad » « A-t-il été mandé ? » « Oui » répondit-il. « Qu’il soit le bienvenu, lui dit-on, il est le meilleur des visiteurs. » On nous ouvrit et j’y trouvai Moïse (Mûsâ). Jibrîl me dit : « Voici Moïse, salue-le. » Je le saluai et il me rendit mon salut, en me disant : « Bienvenue au frère vertueux et au Prophète vertueux. » En le dépassant, je l’entendis pleurer. À la question de savoir pourquoi il pleurait, il répondit : « Je pleure parce qu’un jeune homme, envoyé après moi, aura plus d’adeptes parmi ceux de sa communauté à entrer au paradis, que ceux de ma communauté. »
On me fit monter ensuite au septième ciel. Jibrîl demanda qu’on lui ouvre. On lui dit : « Qui est là ? » « Jibrîl » répondit-il. « Qui est avec toi ? » « Muhammad » répondit-il. « A-t-il été mandé ? » « Oui » répondit-il. « Qu’il soit le bienvenu, lui dit-on, il est le meilleur des visiteurs. » On nous ouvrit et j’y trouvai Abraham (Ibrâhîm). Jibrîl me dit : « Voici ton père Abraham, salue-le. » Je le saluai et il me rendit mon salut, en me disant : « Bienvenue au fils vertueux et au Prophète vertueux. »
On me fit monter ensuite au Lotus de la limite, dont les épines ressemblent à des jarres de hadjar et dont les feuilles ressemblent à des oreilles d’éléphants et où se trouvent quatre fleuves, deux apparents et deux cachés. J’ai dit à Jibrîl : « Qu’est-ce que cela ô Jibrîl ? » « Les deux fleuves cachés, me répondit-il, sortent du paradis, alors que les deux fleuves apparents sont le Nil et l’Euphrate. » On me fit ensuite monter seul à la Maison habitée (al-Bayt al-Ma‘mûr).
Qatâda a dit : « Al-Hasan nous a rapporté d’après Abû Hurayra que le Prophète () a vu la Maison habitée (al-Bayt al-Ma‘mûr), dans laquelle entrent, chaque jour, soixante-dix mille anges qui n’en reviennent plus. »
« Ensuite, continue le Prophète, on m’apporta un récipient de vin, un autre de miel et un autre de lait. J’ai opté pour le lait et il me fut dit : « Tu as opté pour la fitra (nature innée du monothéisme) à laquelle tu te conformeras toi et ta communauté. »
On m’imposa alors les prières, cinquante par jour. En revenant, je suis passé à côté de Moïse qui me dit : « Que t’a-t-on imposé ? » « Cinquante prières par jour » lui répondis-je. « Jamais ta communauté ne pourra supporter cinquante prières par jour ; j’ai fait l’expérience des gens avant toi, et j’ai enduré avec les fils d’Israël les plus pénibles des épreuves ! Retourne vers ton Seigneur et demande-Lui d’alléger ces prières pour ta communauté. » Je suis retourné chez mon Seigneur et Il m’a diminué ce nombre de dix. En passant de nouveau à côté de Moïse, il m’a répété les mêmes propos. J’y suis retourné de nouveau et mon Seigneur m’a diminué ce nombre de dix. En passant à côté de Moïse, il m’a répété les mêmes propos. J’y suis donc retourné de nouveau et Il m’a fixé le nombre à dix prières par jour. En passant de nouveau à côté de Moïse, il m’a répété les mêmes propos. Je suis donc retourné une nouvelle fois à Mon Seigneur qui me fixa le nombre de prières à cinq. En passant à côté de Moïse, ce dernier me demanda une dernière fois : « Que t’a-t-on imposé ? » « Cinq prières » répondis-je. « J’ai fait l’expérience des gens avant toi, s’exclama Moïse, et j’ai enduré les plus pénibles des épreuves avec les fils d’Israël ! Retourne vers ton Seigneur et demande-Lui de diminuer ce nombre pour ta communauté. » « J’ai assez demandé à mon Seigneur, lui répondis-je, au point d’éprouver de la pudeur à aller lui demander encore plus. Je me satisfais de cela et je me soumets à mon Seigneur. »
En rebroussant chemin, j’entendis une voix qui me disait : « J’ai décrété Mon obligation et J’ai allégé à Mes serviteurs. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, ‘Iqrima a rapporté d’après Ibn ‘Abbâs que le Prophète a dit : « J’ai vu mon Seigneur (). » (Rapporté par l’imam Ahmed)
Mention de l’ordre donné par le Prophète () à ses compagnons d’émigrer en Abyssinie
Lorsque le Prophète () commença à prêcher l’Islam ouvertement, les polythéistes lui affichèrent leur hostilité. Mais Allah les protégeait d’eux par son oncle Abû Tâlib. Puis, le Prophète ordonna un jour à ses compagnons de partir en Abyssinie en leur disant : « Allez en Abyssinie où se trouve un roi dont aucun sujet n’est persécuté. Restez-y jusqu’à ce qu’Allah vous apporte un salut de Sa part. » Un groupe de musulmans partit donc en Abyssinie tandis qu’un autre groupe resta en dissimulant sa foi. Le nombre de ceux qui partirent en Abyssinie était de quatre-vingt-trois hommes, onze femmes quraychites et sept étrangères.
Ensuite, lorsqu’ils apprirent l’émigration du Prophète à Médine, trente-trois hommes d’entre eux et huit femmes revinrent. Deux d’entre eux moururent à La Mecque et sept furent emprisonnés. Vingt quatre d’entre eux participèrent à la bataille de Badr.
En l’an sept de l’Hégire, le Prophète () envoya une lettre au Négus l’invitant à embrasser l’Islam, ce qu’il fit. Il lui demanda aussi de le marier par procuration à Um Habîba et de lui envoyer le reste de ses compagnons. L’arrivée de ces derniers à Médine, coïncida avec la conquête de Khaybar par le Prophète ().
Mention de la durée de la présence du Prophète () à La Mecque après la Révélation

Il y a divergence à ce sujet. Selon Rabi‘a qui le rapporte d’Anas et selon Abû Salama qui le rapporte d’Ibn ‘Abbâs, le Prophète () est resté dix ans à La Mecque. C’est aussi l’opinion de ‘Aïcha et de Sa‘îd Ibn al-Musayyib. Dans une autre version, Ibn ‘Abbâs rapporte qu’il y est resté pendant quinze ans. Il a dit en effet : « Le Prophète est resté quinze ans à La Mecque ; durant sept ans, il voyait une lumière et entendait une voix, et durant huit ans, il recevait la Révélation. »
Cependant, la version la plus juste est celle qui est rapportée par al-Bukhârî et Muslim, d’après le hadîth d’Ibn ‘Abbâs, selon lequel le Prophète est resté treize ans à La Mecque. Ce disant, on peut expliquer la version de ceux qui soutiennent la période de dix ans par le fait que cette durée concerne la manifestation de la prophétie, puisque le Prophète est resté trois ans à prêcher l’Islam en cachette. Quant à la version qui soutient la période de quinze ans, on peut l’expliquer par le fait qu’elle prend en considération les cinq ans que le Prophète avait passés à voir des signes de la prophétie avant la Révélation.
Mention de la proposition faite aux gens par le Prophète (), pendant les périodes du pèlerinage, pour l’assister dans sa mission
D’après Jâbir Ibn ‘Abdallah (), le Prophète () avait l’habitude de demander aux gens leur assistance pendant les périodes de pèlerinage, en leur disant : « Y a-t-il quelqu’un qui veuille m’emmener chez son peuple, car les Quraychites m’empêchent de transmettre les paroles de mon Seigneur ! » (Rapporté par at-Tirmidhî) Selon Jâbir toujours, le Prophète () est resté à La Mecque durant dix ans, suivant les gens jusqu’à leurs demeures à ‘Ukkâdh, à Majna et aux pèlerinages à Minâ, en leur disant : « Qui veut me donner asile ? Qui veut m’accorder sa protection jusqu’à ce que je transmette le message de mon Seigneur, en recevant en contre partie le paradis ? »
À chaque fois qu’un homme sortait du Yémen ou de l’Égypte – ainsi l’a rapporté le transmetteur – ses compatriotes lui disaient : « Fais attention au jeune homme de Quraych qu’il ne t’envoûte pas ! » Et lorsqu’il marchait au milieu de leurs caravanes, ils le montraient du doigt, jusqu’à ce qu’Allah nous envoie de Yathrib vers lui ; nous lui donnâmes asile, l’assistèrent et crûmes en lui. Lorsque l’un de nous allait le trouver, qu’il croyait en lui et l’entendait réciter le Coran, il revenait chez lui et convertissait sa famille à l’Islam, au point où il ne resta pas de maison, parmi les Ansârs, où des musulmans affichaient leur foi. Ensuite, nous nous sommes consultés entre nous et nous nous sommes dit : « Jusqu’à quand allons-nous laisser le Messager d’Allah pourchassé dans les montagnes de La Mecque et éprouver de la crainte ? Soixante-dix d’entre nous allèrent à sa rencontre le jour du pèlerinage et lui donnèrent rendez-vous dans les ravins d’al-‘Aqaba. Nous y allâmes individuellement ou deux par deux, jusqu’à ce que nous soyons tous réunis. Nous lui dîmes alors : « Sur quoi allons-nous te faire allégeance, ô Messager d’Allah ? » « Faites-moi allégeance sur l’écoute et l’obéissance dans vos mouvements et votre inactivité, sur les dépenses dans l’aisance et la gêne, sur l’ordre de faire le convenable et d’interdire le blâmable, sur la crainte d’Allah et sur le fait de ne point craindre pour Allah les reproches de ceux qui font des reproches, et sur le fait de m’assister et de me défendre lorsque je viendrai chez vous, comme vous défendez vos personnes, vos épouses et vos enfants. En contre partie de cela, vous aurez le paradis. » Nous nous sommes alors levés vers lui et nous avons prêté serment d’allégeance. As‘ad Ibn Zûrâra prit sa main, lui qui était le plus jeune, puis dit : « Doucement, ô gens de Yathrib ! Si nous sommes arrivés de si loin c’est parce que nous savons qu’il est le Messager d’Allah. Le soutenir aujourd’hui, c’est se mettre à dos tous les Arabes et risquer la mort des meilleurs d’entre nous. Si vous acceptez cela et que vous faites preuve de patience, votre récompense incombera à Allah, mais si vous avez peur d’affronter tout cela, montrez-le lui dés maintenant, car ce sera plus justifié pour vous aux yeux d’Allah. » « Ne crains rien ô Sa‘d, par Allah nous n’abandonnerons jamais ce serment d’allégeance et jamais nous ne l’ôterons ! » répondirent les Ansârs.
« Nous nous sommes alors approchés du Prophète, ajoute Jâbir, et nous lui avons prêté serment d’allégeance. Il l’a accepté après nous avoir exposé les conditions et après nous avoir promis le paradis en contre partie. »
Mention du serment d’al-‘Aqaba et des circonstances dans lesquelles il s’est déroulé
Ibn Ishâq, quant à lui, a raconté : « Lorsqu’Allah décida d’imposer Sa religion, de faire triompher Son prophète et de concrétiser Sa promesse, le Prophète sortit et prêcha aux tribus arabes comme il le faisait d’habitude pendant chaque pèlerinage. Tandis qu’il se trouvait à al-‘Aqaba, il rencontra un groupe de Khazraj et leur dit, d’après ce qu’on a rapporté : « De quelle tribu êtes-vous ? » « Des Khazraj » répondirent-ils. « Voulez-vous vous asseoir pour que je vous parle ? » leur dit-il. « Oui » répondirent-ils. Ils prirent donc place avec lui et il commença à les appeler à Allah, en leur exposant les principes de l’Islam et en leur récitant le Coran. Or, les Khazraj avaient l’habitude d’entendre les juifs parler d’un Prophète dont l’apparition était imminente. Ils se dirent donc les uns aux autres : « Par Allah, ô gens de la tribu, il s’agit là du Prophète dont ne cessent de parler les juifs. Faites en sorte qu’ils ne vous précèdent pas vers lui ! » Ils acceptèrent l’appel du Prophète et crurent en lui. Ils étaient alors au nombre de six : As‘ad Ibn Zûrâra, ‘Awf Ibn Mâlik Ibn ‘Afrâ, Râfi’ Ibn Mâlik Ibn ‘Ajlân, Qutba Ibn ‘Amar Ibn Hadîda, ‘Uqba Ibn ‘Amar Ibn Nâbi et Jâbir Ibn ‘Abdallah Ibn Riâb.
Lorsqu’ils retournèrent chez eux, après avoir embrassé l’Islam, ils parlèrent à leurs compatriotes du Prophète () et les appelèrent à l’Islam. Quelques temps après, l’Islam se propagea au point où il n’y eut plus de demeure des Ansârs où le nom du Prophète n’était mentionné.
L’année d’après, douze hommes parmi les Ansârs partirent en pèlerinage ; ils rencontrèrent le Prophète () à al-‘Aqaba. Ce fut alors la première rencontre d’al-‘Aqaba. Ils lui firent un serment d’allégeance propre aux femmes, avant que la guerre ne soit décrétée. Il y avait parmi eux ‘Ubâda Ibn as-Sâmit. Ce dernier a dit : « Nous avons prêté serment d’allégeance au Prophète, la nuit de la première ‘Aqaba, sur le fait de ne point associer à Allah, de ne point voler, de ne point forniquer, de ne point tuer nos enfants, de ne point nous attribuer des enfants illégitimes et de ne point lui désobéir dans les choses qui relèvent du bon usage. Cela se passait avant que la guerre ne soit décrétée. Il nous a dit : « Si vous restez fidèles à votre engagement, vous aurez le paradis en échange, et si vous faites preuve de tromperie dans quoi que ce soit, vous serez laissés à Allah ; s’Il le veut, Il vous pardonnera et, s’Il le veut, Il vous châtiera. »
Lorsque ces hommes retournèrent chez eux, le Prophète () envoya avec eux à Médine Mus‘ab Ibn ‘Umayr pour leur apprendre l’Islam et leur enseigner le Coran. Il fut l’hôte d’As‘ad Ibn Zûrâra. On l’appelait à Médine « le récitateur du Coran ». Il ne cessa d’appeler les gens à l’Islam jusqu’à ce qu’il se propage, puis il retourna à La Mecque avant la deuxième rencontre d’al-‘Aqaba.
Ka‘b Ibn Mâlik () a dit : « Nous sommes sortis lors du pèlerinage au cours duquel nous avons fait le serment d’allégeance au Prophète à al-‘Aqaba, avec les polythéistes de notre peuple. Nous avions rendez-vous avec le Prophète après le rite de l’immolation. Nous étions au nombre de soixante-dix hommes et deux femmes. La nuit où nous avions rendez-vous avec le Prophète, nous avions dormi avec nos compatriotes et, une fois que ces derniers furent vaincus par le sommeil, nous avons quitté nos couches comme des chats et nous avons gagné al-‘Aqaba, lieu de notre rendez-vous. Le Prophète arriva en compagnie de son oncle al-‘Abbâs. Ce dernier dit : « Ô gens des Khazraj ! Muhammad a, auprès de nous, la place que vous connaissez ! Il est en sécurité parmi son peuple et dans son pays, mais il a préféré vous rejoindre. Aussi, si vous craignez de ne pas le soutenir, laissez-le parmi son peuple où il est en sécurité avec sa tribu. » Nous lui répondîmes : « Nous avons entendu ce que tu as dis », avant de dire au Prophète : « Parle ô Messager d’Allah ! » Le Prophète prit la parole et appela à Allah, nous exhorta à suivre l’Islam et nous récita le Coran. Nous crûmes en lui et ajoutâmes foi à son message puis nous lui dîmes : « Ô Messager d’Allah, prends l’engagement que tu veux pour ton Seigneur et pour toi-même. » « Je prends votre engagement, nous dit-il, de me défendre contre tout ce dont vous défendez vos enfants et vos femmes. » Al-Barrâ Ibn Ma’rûr lui répondit : « Oui, par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, nous te protègerons comme nous protégeons nos propres familles ! » Nous prêtâmes alors serment d’allégeance au Prophète (), nous qui sommes des hommes de guerre et d’art militaire que nous avons hérité de père en fils.
Abû al-Haytham Ibn at-Tihân prit ensuite la parole et dit : « Ô Messager d’Allah, il y a entre les gens et nous des montagnes que nous devrons franchir ! Si Allah te fait triompher, vas-tu retourner chez ton peuple et nous laisser ? » Le Prophète lui répondit : « Ce sera le sang pour le sang et la destruction pour la destruction ! Je fais partie de vous et vous faites partie de moi. Je ferai la paix avec celui auquel vous ferez la paix et je combattrai celui que vous combattrez ! » Al-Barrâ Ibn Ma’rûr reprit la parole et dit : « Étends ta main pour que je te prête serment d’allégeance, ô Messager d’Allah ! » « Faites sortir douze représentants parmi vous » leur dit le Prophète. Ils les firent sortir. Il s’agissait d’As‘ad Ibn Zûrâra, ‘Abdullah Ibn ‘Amrî Ibn Hizâm, Sa‘d Ibn ‘Ubâda, al-Mundhir Ibn ‘Amrû, Râfi’ Ibn Mâlik Ibn al-‘Ajlân, ‘Abdallah Ibn Rawâha, Sa’d Ibn Arrabi’, ‘Ubâda Ibn as-Sâmit, Usayd Ibn Hudhayr, Abû al-Haytham Ibn at-Tihâm et Sa‘d Ibn Khaythama.
Al-Barrâ prit ensuite la main du Prophète () et frappa dessus avec sa main. Il fut le premier à prêter serment d’allégeance. Les autres en firent autant.
Ibn Ishâq a dit : « Lorsque les Quraychites apprirent que le Messager d’Allah avait obtenu un serment d’allégeance et qu’il avait ordonné à ses compagnons de rejoindre Médine, ils complotèrent entre eux et se dirent : « Par Allah, c’est comme s’il vous attaquait avec des hommes ! Tuez-le donc ou expulsez-le ! » Ils décidèrent alors de le tuer. Mais l’ange Jibrîl () vint à lui et lui ordonna de ne pas passer la nuit dans sa demeure. Il passa la nuit dans un autre endroit. Le lendemain matin, il lui permit de partir à Médine.
Ibn ‘Abbâs () a dit au sujet de cette parole du Très Haut : « Rappelle-toi le temps où les infidèles tramaient des complots contre toi pour t’emprisonner, te tuer ou te bannir. Ils complotèrent et Allah complota, et Allah est le Meilleur des comploteurs. » (S8.v, 30) : Les Quraychites se concertèrent entre eux, une nuit à La Mecque ; les uns dirent : « Au lever du jour, mettez la main sur lui et attachez-le. » Ils entendaient par-là le Prophète. D’autres dirent : « Il faut plutôt le tuer. » « Non, il vaut mieux le bannir » ajoutèrent d’autres. Allah mit alors Son prophète au courant de ce complot, et ce fut ‘Alî () qui passa la nuit dans la couche du Prophète. Le Prophète sortit, lui, de La Mecque, jusqu’à ce qu’il arrive à la grotte de Hirâ. Quant aux polythéistes, ils passèrent la nuit à cerner la maison du Prophète (), croyant qu’il s’y trouvait toujours. Au lever du jour, ils se ruèrent dans la maison, mais ils se trouvèrent face à ‘Alî () « Où est ton compagnon ? » lui dirent-ils. « Je ne sais pas » répondit ‘Alî. Et ils partirent alors à sa recherche.
Mention de l’émigration du Prophète () à Médine
Le serment d’allégeance d’al-‘Aqaba eut lieu juste après le pèlerinage, et le Prophète () arriva à Médine le douze rabi’ al-awwal.
Yazîd Ibn Abî Habîb a dit : « Le Prophète est sorti de La Mecque au mois de safar et il est arrivé à Médine au mois de rabi’ al-awwal. » Ibn Ishâq a précisé : « Il y est entré au milieu de la matinée. »
‘Aïcha (RA) a dit : « Je n’ai jamais connu mes parents que professant l’Islam. Il n’y avait pas de jour où le Prophète ne venait nous rendre visite matin et soir. Lorsque les musulmans subirent les persécutions, Abû Bakr sortit avec l’idée d’émigrer en Abyssinie. Arrivé à Barq al-Ghimâd, il rencontra Ibn ad-Dughna qui lui dit : « Où vas-tu, ô Abû Bakr ? » « Mon peuple m’a chassé, et je voudrais sillonner la terre et adorer mon Seigneur » répondit Abû Bakr. « Des hommes comme toi ô Abû Bakr ne peuvent pas chasser les hommes et ne peuvent être chassés ! Tu aides l’indigent, tu préserves les liens de parenté, tu assistes les pauvres, tu honores l’hôte et tu défends la vérité. Aussi, à partir de maintenant tu es sous ma protection. Retourne chez toi et adore ton Seigneur dans ton pays. » Abû Bakr retourna donc à La Mecque en compagnie d’Ibn ad-Dughna. Ce dernier alla trouver les dignitaires quraychites et leur dit : « Abû Bakr ne peut être chassé de son pays et ne peut chasser quiconque. Comment voulez-vous chasser un homme qui aide l’indigent, qui préserve les liens de parenté, qui assiste les pauvres, honore l’hôte et défend la vérité ? » Les Quraychites ne rejetèrent pas les propos d’Ibn ad-Dughna, mais lui dirent : « Dis à Abû Bakr d’adorer son Seigneur dans sa maison ; qu’il y prie et y récite le Coran autant qu’il le voudra, mais qu’il ne nous porte pas préjudice en envoûtant nos femmes et nos enfants. » Ibn ad-Dughna transmit cette proposition des Quraychites à Abû Bakr qui resta chez lui, adorant son Seigneur et récitant le Coran sans élever sa voix.
Ensuite, il eut l’idée de se construire une petite mosquée dans la cour de sa maison où il y priait et récitait le Coran. C’est alors que des femmes et des enfants des polythéistes se mirent à venir l’écouter et le voir avec émerveillement. Abû Bakr () était un homme très émotif qui ne maîtrisait pas ses larmes en récitant le Coran et cela touchait les gens. Ce que voyant, les polythéistes allèrent voir Ibn ad-Dughna et lui dirent : « Nous avons accepté la protection que tu as accordée à Abû Bakr, à condition qu’il adore son Seigneur dans sa maison, mais il est passé outre cela et il s’est construit une petite mosquée dans la cour de sa maison, en y priant et en y récitant le Coran. Aussi, craignant que nos femmes et nos enfants ne se laissent séduire par sa récitation, nous te demandons de lui dire de se contenter d’adorer son Seigneur chez lui. S’il accepte, tant mieux, sinon demande-lui de te rendre ta protection. Nous ne voulons pas violer l’engagement que nous avons avec toi et nous ne voulons pas laisser Abû Bakr réciter le Coran à haute voix. »
‘Aïcha (RA) poursuit : « Ibn ad-Dughna alla voir Abû Bakr et lui dit : « Tu te souviens de ce dont on a convenu ? Donc, soit tu te contentes de cela soit tu me rends ma protection, car je ne veux pas que les Arabes disent que j’ai violé l’engagement que j’ai pris avec un homme. » Abû Bakr lui répondit : « Je te rends ta protection et je me contente de celle d’Allah  ! » Le Prophète () se trouvait à cette époque à La Mecque. Un jour, il dit aux musulmans : « Votre lieu d’émigration m’a été montré en vision ; il s’agit d’une ville pleine de palmiers, située entre deux régions volcaniques. » Les musulmans émigrèrent alors à Médine, puis ils furent rejoints par ceux qui étaient partis en Abyssinie. Abû Bakr se prépara à émigrer lui aussi, mais le Prophète lui dit : « Ne te presse pas ô Abû Bakr, car j’espère recevoir la permission incessamment. » « Tu espères vraiment cela, ô toi qui m’est plus cher que mon père et ma mère ? » dit Abû Bakr. « Oui » répondit le Prophète. Abû Bakr () resta donc avec le Prophète () dans l’espoir de l’accompagner. Il prépara, pour cette perspective, deux montures qu’il avait chez lui et mit de côté du fourrage. »
Ibn Chihâb rapporte d’après ‘Arwa qu‘Aïcha (RA) a dit : « Tandis que nous étions assis dans la maison d’Abû Bakr, au milieu de la matinée, quelqu’un dit à Abû Bakr : « Voici le Prophète qui arrive, le visage voilé, à une heure où il n’a pas l’habitude de venir. » Abû Bakr s’exclama alors : « Que je rachète pour lui mon père et ma mère ! S’il vient à un moment pareil, c’est sûrement pour quelque chose de très important ! » Le Prophète demanda la permission d’entrer puis, une fois cette permission obtenue, il dit à Abû Bakr : « Fais sortir les gens qui se trouvent ici. » « Mais il s’agit de ta famille, ô toi qui m’est plus cher que mon père et ma mère » lui répondit Abû Bakr. « J’ai reçu la permission d’émigrer » lui dit le Prophète. « Puis-je t’accompagner, ô Messager d’Allah ? » demanda Abû Bakr. « Oui » répondit le Prophète. « Prends une de ces montures, ô Messager d’Allah » ajouta Abû Bakr. « Je la prendrai, répondit le Prophète, mais je la payerai. »
‘Aïcha ajoute : « Nous avons donc préparé ces deux montures de la meilleure manière qui soit et nous avons mis de la nourriture dans une besace. Asmâ découpa sa ceinture en deux bouts pour fermer la besace. C’est pour cela qu’elle fut surnommée « la femme aux deux ceintures. » Ensuite, le Prophète () et Abû Bakr () se dirigèrent vers la grotte située sur le mont Thor. Ils y restèrent trois jours, pendant lesquels ‘Abdullah Ibn Abû Bakr qui était encore très jeune mais très intelligent passa la nuit avec eux. Il quitta l’endroit de bon matin et se mélangea aux Quraychites comme s’il venait de passer la nuit à La Mecque. Il récolta toutes les informations qu’il avait entendu puis il regagna la grotte la nuit venue, avec toutes les informations recueillies. De son côté, ‘Amar Ibn Fuhayra, un esclave d’Abû Bakr, ramenait un troupeau de brebis qu’il faisait paître du côté de la grotte et il leur donnait du lait à boire. Il fit cela chaque soir pendant les trois jours de leur présence dans la grotte. En outre, le Prophète et Abû Bakr avaient loué les services d’un guide habile originaire des Banû Addiyl Banû ‘Abd Ibn ‘Adiyy. Allié des Al-‘As Ibn Wâyl as-Sahmî, il professait la religion des païens de Quraych. Ils lui confièrent leurs montures et lui donnèrent rendez-vous dans la grotte de Thor après trois jours. Le matin du quatrième jour, ils partirent donc en compagnie de ‘Amar Ibn Fuhayra et du guide, et prirent la voie du littoral.
Ibn Chihâb a dit : « ‘Abdurrahman Ibn Mâlik al-Mudlajî qui est le neveu de Surâqa Ibn Juch’um m’a informé que son père lui a raconté avoir entendu Surâqa Ibn Juch’um dire : « L’envoyé des païens quraychites est venu nous voir pour nous mettre au courant de la récompense fixée pour celui qui arrive à tuer ou à capturer le Prophète et Abû Bakr. Tandis que j’étais assis au milieu d’un groupe de mes compatriotes les Banû Mudlij, un homme arriva et me dit : « Ô Surâqa, j’ai vu tout à l’heure des hommes du côté du littoral, et je crois qu’il s’agit de Muhammad et de ses compagnons. » Bien que j’étais certain qu’il s’agissait d’eux, j’ai répondu à cet homme : « Non, ce n’est pas eux, mais un tel et un tel qui sont partis à la recherche d’un chameau égaré. » Je suis alors resté un moment dans cette assemblée, puis je me suis levé, je suis parti chez moi et j’ai demandé à ma servante de m’apporter mon cheval. J’ai pris mon arc et je suis sorti de derrière la maison où j’ai enfourché mon cheval et chevauché à toute allure pour les rattraper. Mais alors que j’étais sur le point de les rattraper, mon cheval trébucha. Je me levai, pris une flèche de mon carquois et tirai avec mon arc pour consulter le sort et voir si je devais continuer à les poursuivre ou non. Le sort me fut défavorable, mais je montai de nouveau ma monture et persistai dans ma poursuite. Je me suis rapproché d’eux au point où j’ai entendu la récitation du Coran par le Prophète. Ce dernier marchait sans se retourner, tandis qu’Abû Bakr ne cessait de jeter des regards derrière lui. Tout à coup, les sabots de ma monture s’enfoncèrent dans le sable jusqu’aux genoux. Je sautai de son dos puis je me mis à vociférer contre elle ; elle fit des efforts pour se relever mais n’y arriva pas. Elle finit par se mettre debout et là, j’ai remarqué une poussière qui sortait de ses sabots et s’élevait vers le ciel comme de la fumée. J’ai consulté de nouveau le sort avec une flèche, et il me fut encore défavorable. Je les appelai alors en leur promettant la sécurité. Ils s’arrêtèrent de marcher et je montai mon cheval pour les rejoindre. Après avoir vu ce qui venait d’arriver à mon cheval, j’étais arrivé à la certitude que le Prophète finirait par triompher. Arrivé à sa hauteur, je lui dis : « Ton peuple a fixé une rançon à tous ceux qui mettraient la main sur vous. » Je l’ai ensuite mis au courant des intentions des Quraychites, puis je lui ai proposé des provisions, mais il a refusé. La seule chose qu’il m’a demandée, c’est de ne pas révéler leur présence à leurs poursuivants. Je lui ai demandé de me donner un sauf conduit, ce qu’il fit en ordonnant à ‘Amar Ibn Fuhayra de m’écrire un document en ce sens sur un morceau de peau tannée. Le Prophète continua ensuite son chemin. »
Ibn Chihâb ajoute : « ‘Urwa Ibn Az-Zubayr m’a rapporté que le Prophète () a rencontré Az-Zubayr dans un convoi de musulmans qui revenaient d’un voyage commercial de Syrie. Celui-ci revêtit le Prophète et Abû Bakr de vêtements blancs. Or à l’annonce de la sortie du Prophète () de La Mecque, les musulmans de Yathrîb avaient pris l’habitude de sortir tous les matins et d’aller dans la Harra à l’extérieur de Médine où ils restaient à l’attendre jusqu’à la chaleur de l’après-midi qui les faisait rentrer chez eux. Un jour, après avoir longtemps attendu son arrivée, ils revinrent chez eux ; seul un juif, qui se trouvait sur le sommet de sa forteresse, vit de loin le Prophète et ses compagnons, vêtus de blanc, qui s’approchaient de Médine comme dans un mirage. Il ne put se retenir de crier de toute sa voix : « Ô Arabes, voici votre fortune que vous attendez ! » Les musulmans se précipitèrent alors et allèrent accueillir le Prophète dans la Harra. Celui-ci prit à droite jusqu’à s’arrêter chez les Banû ‘Amrû Ibn ‘Awf. Cela se passait un lundi du mois de rabi’ al-awwal. Abû Bakr () fit face aux gens tandis que le Prophète () restait assis et silencieux. Ceux qui ne connaissaient pas le Prophète parmi les Ansârs se mirent donc à saluer Abû Bakr jusqu’à ce que, le soleil commençant à toucher le Prophète, Abû Bakr l’abrite avec son manteau. Les gens, qui ne l’avaient jamais vu, comprirent alors qui des deux était le Prophète.
Le Messager d’Allah () demeura chez les Banû ‘Amrû Ibn ‘Awf plus d’une dizaine de jours, où il posa les fondations d’une petite mosquée qui fut bâtie sur la piété. Il y pria, puis monta sur sa monture et partit vers Médine, suivi des gens. Sa monture s’arrêta à l’endroit qui devint la mosquée du Prophète à Médine. Cet endroit servait de lieu de séchage de dattes et appartenait à Suhayl et Sahl, deux orphelins qui étaient à la charge d’As‘ad Ibn Zûrâra. Lorsque sa monture s’agenouilla dans ce lieu, le Prophète () dit : « Là sera la demeure, si Allah le veut. » Ensuite, il appela les deux orphelins et leur demanda le prix de cette parcelle de terre pour qu’elle serve à la construction d’une mosquée. Les deux orphelins voulurent lui faire don de cette parcelle de terrain, mais il refusa et insista pour qu’ils la lui vendent. Ensuite, il fit bâtir la grande mosquée, participant lui aussi à la construction en portant des briques dans ses vêtements. Il disait en travaillant : « Mon Dieu, la meilleure récompense est celle de l’au-delà ! Pardonne donc aux Ansârs et aux Muhâjirs ! »
Il répétait les vers d’un homme parmi les musulmans dont on ne m’a pas dit le nom.
Ibn Chihâb ajoute : « Il ne nous a pas été rapporté dans les hadîths que le Prophète ait déclamé un ver complet de poésie à part ces deux vers. » (Rapporté par al-Bukhârî)
En outre, d’après al-Barâ Ibn ‘Azib, Abû Bakr avait acheté de son père (‘Azib) une selle au prix de treize dirhams. Or Abû Bakr lui avait dit : « Demande à al-Barâ de me la porter jusqu’à ma maison. » « Non, lui avait répondu ‘Azib, jusqu’à ce que tu nous racontes ce que tu as fais lorsque tu es sorti avec le Prophète. » Abû Bakr () lui dit alors : « Nous sommes sortis et avons marché toute la journée et toute la nuit. L’après-midi du lendemain, je me suis mis à regarder dans toutes les directions, dans l’espoir de trouver un coin où il y aurait de l’ombre, lorsque je vis un rocher qui projetait de l’ombre. Je me suis alors dirigé vers lui et j’ai étendu une peau à terre puis j’ai dit au Prophète : « Reposes-toi ô Messager d’Allah. » Il s’étendit donc à l’ombre du rocher. Le laissant là, je partis inspecter les alentours pour voir s’il n’y avait personne à notre recherche. Je vis un berger avec des moutons. « Pour qui travailles-tu, ô jeune homme ? » lui dis-je. « Pour un homme de Quraych » me répondit-il. Il me nomma l’homme que je connaissais. « Y a-t-il un peu de lait dans tes brebis ? » lui dis-je. « Oui » répondit-il. « Veux-tu me traire un peu de lait ? » « Oui. » Il prit alors une brebis, lui essuya le pis, essuya ses mains et commença à traire dans une petite gourde que j’avais sur moi. Puis je versai de l’eau sur la gourde pour qu’elle se rafraîchisse. Ensuite, je suis revenu vers le Prophète qui venait de se réveiller. « Bois, ô Messager d’Allah ! » lui dis-je.
Il but jusqu’à satiété, puis je lui dis : « Il est temps de partir, ô Messager d’Allah. » Nous sommes donc partis, tandis que les polythéistes étaient à notre recherche. Seul Surâqa Ibn Mâlik Ibn Juch’um parvint à nous rattraper sur son cheval. Tandis qu’il se rapprochait de nous, je dis au Prophète : « Un de nos poursuivants est sur le point de nous rattraper, ô Messager d’Allah ! » « Ne t’attriste pas car Allah est avec nous » me répondit-il. Tandis que Surâqa se rapprochait encore de nous, et qu’il ne se trouvait qu’à une distance d’un, deux ou trois arcs, je dis de nouveau : « Ô Messager d’Allah, notre poursuivant nous a rattrapé ! » Ce disant, je me mis à pleurer. « Pourquoi pleures-tu ? » me dit le Prophète. « Je ne pleure pas pour moi-même, par Allah, mais je pleure par crainte pour toi ! » Le Prophète invoqua alors contre Surâqa en disant : « Mon Dieu, occupe-toi de lui ! » Les sabots du cheval de Surâqa s’enfoncèrent dans le sable jusqu’au ventre. Ce dernier sauta du dos de la monture et se mit à crier : « Ô Muhammad, je sais qu’il s’agit là de ton œuvre ! Invoque Allah afin qu’Il me délivre de cette situation et je te jure, par Allah, j’induirai en erreur ceux qui te poursuivent. Voici mon carquois. Prends-en une flèche, car tu trouveras des moutons et des chameaux à moi en tel endroit ; prends-en ce dont tu as besoin. » « Je n’ai nul besoin de cela » lui répondit le Prophète ().
Abû Bakr () ajouta : « Le Messager d’Allah pria en faveur du cheval de Surâqa qui fut délivré des sables. Surâqa prit sa monture et retourna vers ses compagnons. Quant au Prophète, il continua son chemin vers Médine en ma compagnie. Nous marchâmes jusqu’à notre arrivée à Médine, où il fut reçu par les gens venus l’accueillir sur la route et sur les terrasses. Les esclaves et les enfants se mirent à crier : « Allah est Grand ! Le Messager d’Allah est arrivé ! Muhammad est arrivé ! » Les gens se mirent à se disputer l’honneur de l’accueillir chez lui, mais il leur dit : « Cette nuit, je serai l’hôte des Banû an-Najjâr les parents maternels des Banû ‘Abd al-Muttalib pour les honorer. » Le lendemain matin, il alla là où cela lui fut ordonné. »
Al-Barâ Ibn ‘Azib a précisé : « Le premier Muhâjir qui est venu chez nous est Ibn Um Maktûm, le non-voyant, le frère des Banû Fihr ; ensuite, arriva ‘Umar Ibn al-Khattâb avec vingt personnes montées sur des montures. Nous lui dîmes : « Qu’est devenu le Prophète ? » « Il ne va pas tarder à arriver » nous répondit-il. Ensuite, le Messager d’Allah arriva avec Abû Bakr. »
De son côté, Anas rapporte qu’Abû Bakr lui a raconté : « J’ai dit au Prophète, alors que nous étions dans la grotte : « Si l’un d’eux (les polythéistes) regarde sous ses pieds, il nous apercevra. » « Que penses-tu, me répondit-il, de deux personnes dont la troisième est Allah ? » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Le hadîth d’Um Ma‘bad
D’après Abî Ma‘bad al-Khuzâ’ya, lorsque le Prophète () émigra de La Mecque vers Médine, en compagnie d’Abû Bakr, de ‘Amar Ibn Fuhayra, l’esclave d’Abû Bakr et de leur guide ‘Abdullah Ibn Urayqit al-Laythi, ils s’arrêtèrent devant la tente d’Um Ma‘bad al-Khuzâ’ya. C’était une femme robuste et bien portante ; elle faisait paître ses brebis puis s’occupait de les traire et s’asseyait à l’intérieur de sa tente pour donner à manger et à boire aux voyageurs. Le Prophète () et ses accompagnateurs arrivèrent donc chez Um Ma‘bad et lui demandèrent si elle avait de la viande et des dattes à vendre. Mais elle n’avait rien ce jour-là. Voyant qu’ils étaient fatigués et en proie à la soif, elle leur dit : « Par Allah, si j’avais quelque chose chez moi, je vous l’aurais volontiers donné. » Le Prophète regarda vers une brebis qui se trouvait dans un coin de la tente, puis dit à Um Ma‘bad : « Qu’a cette brebis, ô Um Ma‘bad ? » « C’est une brebis fatiguée qui ne peut plus suivre le troupeau » répondit-elle. « A-t-elle du lait ? » ajouta le Prophète. « Elle est trop exténuée pour en avoir » répondit-elle. « Me permets-tu de la traire ? » lui dit le Prophète. « Oui, toi pour qui je rachèterai mon père et ma mère, si tu penses qu’elle a du lait ! » Le Prophète () demanda qu’on lui apporte la brebis ; il essuya ses pis et évoqua le nom d’Allah puis dit : « Mon Dieu, bénis-lui sa brebis. » Aussitôt, les pis de la brebis se gonflèrent et s’emplirent de lait. Le Prophète se fit apporter un récipient qu’il remplit de lait. Il donna à boire à Um Ma‘bad jusqu’à ce qu’elle en fût rassasiée, puis il abreuva ses compagnons et en but lui-même en dernier en disant : « L’échanson est le dernier à boire. » Ensuite, il fit traire de nouveau la brebis et remplit le récipient qu’il laissa à Um Ma‘bad.
Quelques instants après leur départ, l’époux d’Um Ma‘bad, Abû Ma‘bad arriva, conduisant des chèvres chétives. En voyant le lait, il s’étonna et dit : « Comment as-tu eu ce lait, alors que la brebis est chétive et exténuée ? » « Par Allah, lui répondit-elle, un homme béni vient de passer chez nous et il a dit ceci et cela ! » « Je crois, ajouta Abû Ma‘bad, qu’il s’agit de l’homme que les Quraychites recherchent ! Décris-le-moi, ô Umm Ma‘bad ! » Elle lui dit alors : « J’ai vu un homme à la brillance manifeste, au visage étincelant ; aucune maigreur ni obésité ne l’a déformé ; il est gracieux et beau ; ses yeux sont noirs et ses cils très longs ; sa voix est agréable, son cou long, sa barbe fournie, ses sourcils longs, arqués et reliés ; lorsqu’il est silencieux, une grande dignité le caractérise et lorsqu’il parle, une grande splendeur l’enveloppe ; il est le plus beau et le plus splendide des gens de loin, et le plus distingué et le plus excellent d’entre eux de prés. Son élocution est douce et ses paroles claires ; elles ne sont ni longues ni courtes ; elles sont comme des grains qui tombent du fil d’un collier ; il est de taille moyenne, une branche entre deux branches ; il est la branche qui attire le plus les regards et qui est la plus belle des trois ; il a des compagnons qui l’entourent en permanence ; lorsqu’il parle, ils écoutent ses paroles et, lorsqu’il donne un ordre, ils s’empressent de l’exécuter ; ses compagnons lui obéissent toujours ; il n’est jamais renfrogné et ses paroles sont dénuées de toute vanité. » Abû Ma‘bad s’exclama alors : « Par Allah, il s’agit bien de l’homme recherché par les Quraychites et dont on parle à La Mecque ! Si je l’avais rencontré, je l’aurais suivi ; je le ferai dés que j’en trouverai l’occasion. »
Une voix se fit entendre le lendemain à La Mecque, une voix dont on entendait les paroles mais dont on ne voyait pas l’auteur. Elle disait : « Qu’Allah le Seigneur des hommes récompense de la meilleure façon les deux hommes qui sont venus dans la tente d’Um Ma‘bad ! Ils sont venus à elle avec la guidance, et elle a suivi cette guidance. A réussi celui qui est devenu le compagnon de Muhammad. Ô peuple de Qusayy, Allah ne vous a pas privés de Ses prodiges ! Demandez à votre sœur ce qui est arrivé à sa brebis et à son récipient ; bien plus, si vous interrogez la brebis elle-même, elle témoignera de ces prodiges ! »
‘Abd al-Malik Ibn Marwân a dit : « Il nous a été rapporté qu’Um Ma‘bad avait émigré vers le Prophète () et embrassé l’Islam.
Mention de ce qui est arrivé au Prophète () une fois parvenu à Médine
Az-Zuhrî a dit : « Le Prophète est descendu chez les Banû ‘Amrû Ibn ‘Awf à Qubâ’ ; il y resta plus d’une dizaine de jours. » ‘Urwa a dit de son côté : « Il est resté à Qubâ’ trois nuits, puis il partit un vendredi et passa chez les Banû Sâlim où il fit la prière du vendredi. Ce fut la première prière du vendredi qu’il fit, une fois arrivé à Médine. Ensuite, il monta sur sa chamelle qui marcha jusqu’à s’arrêter chez les Banû an-Najjâr, où elle s’agenouilla devant la demeure d’Abû Ayyûb al-Ansâri. Le Prophète () descendit chez lui dans le rez-de-chaussée de sa demeure tandis qu’Abû Ayyûb habita au premier étage, jusqu’à ce que le Prophète fasse construire une mosquée et ses chambres. »
‘Aïcha a dit : « Lorsque le Prophète arriva à Médine, une épidémie de fièvre y sévissait. Abû Bakr tomba malade, de même que Bilâl.
Bilâl disait : « Mon Dieu, maudis Chayba Ibn Rabi’a et Umayya Ibn Khalaf pour nous avoir chassés de La Mecque ! »
En voyant cela, le Prophète () invoqua Allah en ces termes : « Mon Dieu, fais-nous aimer Médine comme nous aimons La Mecque ou plus ! Mon Dieu rends-la saine, bénis-nous ses mesures de grains et transporte cette fièvre à al-Juhfa. » ‘Aïcha ajoute : « Lorsque le nouveau-né arrivait au monde, à al-Juhfa, il mourait de fièvre avant d’avoir atteint la puberté. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Mention des oncles paternels du Prophète ()
Ibn as-Sâyib a dit : « Les oncles paternels du Prophète étaient au nombre de onze : al-Hârith, az-Zubayr, Abû Tâlib, Hamza, Abû Lahab, al-Ghidâq, al-Muqawwim, Dhirâr, al-‘Abbâs, Quthum et Juhl. Le nom de ce dernier est al-Mughîra. » D’autres ont soutenu qu’ils étaient au nombre de dix, sans mentionner Quthum. Ils ont dit aussi que le nom d’al-Ghidâq était Juhl.
Mention de ses tantes paternelles
Elles sont au nombre de six : Um Hakîm appelée aussi Al-Baydhâ, Barra, ‘Atika, Safiyya, Urwa et Umayma. Pour ce qui est de Safiyya, il n’y a aucune divergence sur le fait qu’elle ait embrassé l’Islam. Quant à ‘Atika et Urwa, Muhammad Ibn Sa’îd rapporte qu’elles avaient embrassé l’Islam et émigré à Médine. Mais d’autres historiens soutiennent que seule Safiyya avait embrassé l’Islam.
Mention des épouses du Prophète ()
Il s’agit de Khadîdja bint Khuwaylid, Sawda bint Zum’a, ‘Aïcha bint Abî Bakr, Hafsa bint ‘Umar, Um Salama (de son vrai nom Hind bint Abî Umayya), Um Habîba (de son vrai nom Ramla bint Abî Sufyân), Zaynab bint Jahch dont la mère est Umayma bint ‘Abd al-Muttalib (la tante paternelle du Prophète), Zaynab bint Khuzayma Ibn al-Hârith Ibn Abî Dhirâr, Safiyya bint Huyay Ibn Akhtab et Maymûna bint al-Hârith Ibn Huzn.
Le Prophète () a aussi épousé des femmes sans consommer le mariage, de même qu’il a demandé la main de certaines femmes sans qu’il n’y ait de mariage. On rapporte aussi qu’Um Charîq s’était offerte au Prophète pour le mariage.
Mention de ses esclaves concubines
Il y avait Maria la copte qu’al-Muqawqis lui avait envoyée et Rihâna bint Zayd dont on rapporte qu’il l’avait épousée. Az-Zuhrî a dit : « Il l’avait prise comme concubine, puis l’avait affranchie et elle avait rejoint sa famille. » Abû ‘Ubayda a dit de son côté : « Il avait quatre esclaves concubines : Maria, Rihâna, une autre du nom de Jamîla faite captive ainsi qu’une esclave que lui avait offerte Zaynab bint Jahch. »
Mention de ses enfants
Pour ce qui est des garçons, il y a al-Qâsim, prénom par lequel le Prophète était surnommé ; il est le premier de ses enfants à décéder, alors qu’il avait deux ans. Il y a aussi ‘Abdallah, appelé également at-Tahar et at-Tayyib ; il est né à l’époque de l’Islam. ‘Urwa a dit : « Khadîdja lui a donné al-Qâsim, at-Tahar, ‘Abdallah et al-Mutayyib ».
De son côté, Sa‘îd Ibn ‘Abd al-‘Azîz a dit : « Le Prophète avait quatre fils : Ibrahîm, al-Qâsim, at-Tahar et al-Mutahhir. »
Abû Bakr al-Barqî a dit pour sa part : « On rapporte qu’at-Tahar, at-Tayyib et ‘Abdallah étaient une seule et même personne. On rapporte aussi qu’at-Tayyib et al-Mutayyib étaient nés ensemble et at-Tahar et al-Mutahhir étaient nés ensemble. Quant à Ibrahîm, sa mère était Maria la copte. Il est né au mois de dhûl-hijja, en l’an huit de l’Hégire et il est mort à l’âge de dix mois ou de dix-huit mois selon une autre version. Il fut enterré à al-Baqî’. »
Ses filles RA
Il y a Fâtima az-Zahrâ. Elle est née cinq ans avant la Révélation. Zaynab, qui fut épousée par al-‘As Ibn ar-Rabi’ puis Ruqayya et Um Kulthûm que ‘Uthmân avait épousées successivement. Tous ses enfants, à part Ibrahîm, étaient nés de Khadîdja (RA).
Mention des esclaves du Prophète ()
Il y avait Aslim (surnommé Abû Râfi’), un autre Abû Râfi’ le père d’al-Bahiyy, Ahmed, Usâma Ibn Zayd, Aflah, Ansa (surnommé Abâ Masrûh) Ayman Ibn Abî Ayman, Thawbân (surnommé Abâ ‘Abdallah Dhakwân) ; on l’appelle aussi Mahrân ou Tahmân Râfi’ Rabâh al-Aswad ; il y avait aussi Zayd Ibn Hâritha, Zayd Ibn Bûlâ, Sâbiq, Sâlim, Salmân al-Fârisi, Salîm surnommé Abâ Kabcha ou Aws, Sa’îd Ibn Kundîr, Chuqrân (surnommé Sâlih), Dhamîra Ibn Abî Dhumaya, ‘Ubayd Allah Ibn ‘Abd al-Ghaffâr, Fudhâla al-Yamanî Kîsân, Mahrân (surnommé Abâ ‘Abd ar-Rahman) ; il s’agit de Safîna selon les propos d’Ibrahîm al-Harbî ; d’autres ont dit que le nom de Safîna était Rumân ou ‘Aïs, Mud’im, Nâfi’, Nufay’ (surnommé Abâ Bakra at-Thaqfî), Nabîh, Wâqid, Wardân, Hichâm, Yasâr, Abû Athîla, Abû al-Hamra, Abû as-Samh, Abû Dhamîra, Abû ‘Ubayd (surnommé Sa’îd ou ‘Ubayd), Abû Muwihba, Abû Wâqid.
Ibrahîm al-Harbî a dit : « Il n’y a pas, parmi les serviteurs du Prophète, un homme du nom de ‘Ubayd ; il s’agit d’Abû ‘Ubayd au sujet duquel at-Tîmi s’est trompé en l’appelant ‘Ubayd. » Pour sa part, Ibn Abî Khaythama a dit qu’il y avait ‘Ubayd et Abû ‘Ubayd.
En outre, al-Harbî a distingué entre Râfi’ et Abî Râfi’, alors qu’Ibn Qutayba soutient qu’il s’agit d’une seule et même personne
De son côté, Abû Bakr Ibn Hazm a dit : « Parmi les serviteurs du Prophète, il y avait Kirkira ; Muss’ab a dit : « al-Muqawqis lui avait offert un esclave castré du nom de Mabûra. » Pour sa part, Muhammad Ibn Habîb al-Hâchimi a dit : « Parmi les serviteurs du Prophète, il y avait Abû Lubâba, Abû Laqît et Abû Hind. »
Les esclaves féminines du Prophète ()
Il y avait Um Ayman de son vrai nom Baraka, Umayma, Khadhra, Radhwa, Rihâna, Salma, Maria, Maymûna bint Sa‘d, Maymûna bint Abî ‘Asîb, Um Dhamîra, Um ‘Iyyâch ou Um ‘Iyyâch l’esclave de sa fille Ruquayya.
Mention de ses montures
Il () avait un cheval du nom d’as-Sakab et un cheval surnommé al-Murtajiz qu’il avait acheté d’un bédouin et dont Khuzîma Ibn Thâbit fut témoin. Il est possible que les deux noms soient ceux d’un seul cheval ; il avait aussi un cheval du nom de Lizâz, un autre du nom de ad-Dharb, un autre appelé al-Ward et un autre du nom d’an-Nahîf. Certains l’appellent al-Lahîf et certains autres appellent un de ses chevaux al-Ya‘sûb. Il avait aussi une chamelle du nom d’al-Qaswâ, appelée aussi al-Ghadhbâ. Une autre appelée al-Djad‘a ; il avait aussi une mule appelée Chahbâ et ad-Duldul et un âne du nom d’al-Ya‘fûr.
Mention de la description du Messager d’Allah ()
Rabi’a Ibn Abî ‘Abdurrahman rapporte qu’il a entendu Anas Ibn Mâlik () décrire le Prophète () en ces termes : « Le Prophète était de taille moyenne ; son visage était d’une blancheur teintée de rougeur, qui n’était ni la blancheur d’un albinos ni la couleur d’une peau brunie. Il n’avait pas de cheveux courts et crépus, ni des cheveux plats. Il avait reçu la Révélation à l’âge de quarante ans et demeura dix ans à La Mecque et dix ans à Médine. Il n’avait pas vingt cheveux blancs  sur sa tête et sa barbe. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Il a dit aussi : « Je n’ai jamais touché de brocart ou de soie plus douce que la main du Prophète, et je n’ai jamais humé une odeur ou une sueur plus agréable que l’odeur ou la sueur du Prophète. » (Rapporté par al-Bukhâri)
De son côté, Abû ‘Ubayda Ibn Muhammad Ibn ‘Ammâr Ibn Yâsir a dit : « J’ai dit à ar-Rubay’ bint Mu‘awwid : « Décris-moi le Prophète. » Elle m’a répondu : « Si tu l’avais vu, c’est comme si tu voyais le soleil se lever. »
Pour sa part, Ibrahim Ibn Muhammad, un des petits-fils de ‘Alî Ibn Abî Tâlib a dit : « Lorsque ‘Alî () décrivait le Prophète, il disait : « Il n’était pas très grand de taille et il n’était ni petit ni trapu ; il était de taille moyenne ; il avait des cheveux ni courts et crépus ni plats, mais entre les deux ; il n’était pas ventru et obèse et il n’avait pas les joues charnues et les mâchoires épaisses ; il avait un visage parfait et harmonieux sur lequel se reflétait un cercle blanc ; il avait de grands yeux noirs et de longs cils ; il avait le cartilage des os et des omoplates majestueux ; il avait le corps dénudé avec des poils qui descendaient comme une baguette, du haut de sa poitrine vers son nombril ; ses mains et ses pieds étaient fermes ; lorsqu’il marchait, il marchait d’un pas vigoureux, comme s’il descendait une pente et lorsqu’il se tournait, il se tournait d’un seul coup. Il avait entre les deux épaules le sceau de la prophétie, et il est le sceau des prophètes. Il était le plus généreux des hommes, le plus véridique d’entre eux, le plus facile à vivre parmi eux et le plus noble dans sa compagnie ; celui qui le voyait au premier abord, éprouvait devant lui une crainte respectueuse, et celui qui le fréquentait ne pouvait que l’aimer. Je n’ai jamais vu avant et après lui celui qui lui était semblable. »
En outre, al-Hasan Ibn ‘Alî () a dit : « J’ai interrogé mon oncle maternel Hind Ibn Abî Hâla qui était très habile dans la description des gens, sur le description du Prophète () dont j’aimais beaucoup entendre parler pour m’attacher à quelques-uns de ses traits de personnalité, et il m’a dit : « Le Prophète était très imposant et très majestueux dans sa taille ; son visage brillait comme la brillance de la lune dans sa plénitude ; il avait une taille moyenne, une tête majestueuse et des cheveux qui n’étaient ni crépus ni plats, mais entre les deux ; lorsque les cheveux dépassaient son toupet, il les séparait par une raie, sinon ses cheveux ne dépassaient pas les lobes de ses oreilles lorsqu’il les laissait pousser ; il était blanc de peau, avait un large front, des sourcils arqués et reliés aux extrémités ; entre eux, se trouvait une veine qui gonflait lorsqu’il était en colère ; son nez était long et fin ; une lumière brillait au-dessus de lui, et celui qui le voyait sans l’observer attentivement croyait qu’il avait le nez élevé ; sa barbe était fournie, ses joues lisses, sa bouche solide et ses dents quelque peu écartées. Il avait des poils fins qui descendaient du haut de sa poitrine jusqu’à son nombril ; son cou était très beau et très majestueux ; il avait une taille très harmonieuse et très athlétique sans aucune obésité ; son ventre et sa poitrine étaient harmonieux et proportionnels ; sa poitrine large, ses épaules éloignées et ses os fermes ; les membres de son corps qui n’étaient pas couverts par des vêtements ou des poils étaient très blancs ; il avait le ventre et le milieu de la poitrine dénués, les bras, les épaules et le haut de la poitrine couverts de poils ; ses poignets étaient longs, les paumes de ses mains larges, les mains et les pieds fermes et majestueux ; lorsqu’il marchait, le milieu de la plante de ses pieds ne touchait pas le sol ; les plantes de ses pieds étaient tellement lisses et unies, que lorsqu’on y jetait de l’eau, elle s’écoulait rapidement ; lorsqu’il marchait, il marchait d’un pas vigoureux et décidé, en faisant de grands pas ; c’était comme s’il descendait une pente ; lorsqu’il se tournait à gauche ou à droite ou lorsqu’il se retournait derrière lui, il le faisait d’un seul coup ; il marchait le regard baissé et regardait plus vers le sol que vers le ciel ; la plupart de ses regards reflétaient la méditation ; il marchait derrière ses compagnons et saluait le premier celui qu’il rencontrait. »
Al-Hasan () ajoute : « J’ai dit : « Décris-moi quelques-unes des vertus du Messager d’Allah. » Il m’a répondu : « Le Messager d’Allah avait un air attristé et toujours méditatif ; il ne connaissait pas de repos ; il gardait longtemps le silence et ne parlait qu’en cas de besoin ; il commençait toujours ses discours et les terminait par l’évocation d’Allah le Très Haut ; il parlait d’une façon concise et très précise en disant en peu de mots ce qu’il avait à dire, sans importunité ni négligence. Il n’était ni dur ni inconvenant ; il appréciait la nourriture même si elle était frugale et ne dénigrait ni ne louait ce qui se mange et se boit. Ce bas monde et ce qu’il contient ne pouvait susciter sa colère ; seulement, en voyant la justice transgressée, il se mettait en colère, et sa colère ne s’arrêtait que lorsque la justice reprenait ses droits. Il ne se mettait pas en colère pour lui-même et ne triomphait par pour lui-même.
Lorsqu’il montrait une chose, il la montrait de toute sa main, et lorsqu’il s’étonnait d’un fait, il retournait sa main ; lorsqu’il parlait, il joignait le geste de sa main à sa parole et frappait de sa main droite sur l’intérieur du pouce de sa main gauche. Lorsqu’il était en colère, il détournait son regard et, lorsqu’il était réjoui, il baissait ses yeux. Le plus souvent, ses rires consistaient en des sourires. »
Al-Hasan () ajoute encore : « J’ai gardé cela sans en parler à al-Husayn pendant un certain temps, puis j’ai fini par lui en parler. Et là j’ai appris qu’il m’avait précédé auprès de mon oncle Hind et qu’il lui avait demandé la même chose que moi. J’ai appris aussi qu’il avait interrogé son père sur la façon d’entrer et de sortir du Prophète, sans rien en laisser. »
Al-Husayn () a dit : « J’ai interrogé mon père sur la façon d’entrer du Prophète () chez lui, et il m’a répondu : « Lorsque le Prophète entrait chez lui, il partageait son temps en trois parties : une partie consacrée à Allah, une autre à sa famille et une autre à sa personne ; ensuite, il partageait la partie consacrée à sa personne entre lui-même et les gens, en recevant l’élite de ses compagnons à qui il enseignait avant qu’ils n’enseignent eux-mêmes aux communs des musulmans. Il ne leur économisait rien de son temps. Dans la partie consacrée à la communauté, il donnait la préférence aux gens de mérite et de faveurs et partageait son temps en fonction de leurs mérites dans la religion. Il y avait, en effet, parmi eux, celui qui avait un besoin, celui qui avait deux besoins et celui qui avait de nombreux besoins. Il s’occupait d’eux et les occupait avec ce qui était utile pour eux ainsi qu’à la communauté et ce qui les mettait à l’abri du besoin. Il leur enseignait la science et leur disait : « Que les présents d’entre vous en informent les absents ; transmettez-moi les besoins de ceux qui ne peuvent pas les transmettre eux-mêmes, car celui qui transmet à un dirigeant les besoins de ceux qui ne peuvent les transmettre eux-mêmes, Allah affermira ses pas au Jour de la résurrection. On ne parlait que de cela chez lui, et il n’acceptait que cela ; l’élite de ses compagnons entrait chez lui et ne se séparait qu’après avoir acquis la science en abondance, devenant dés lors des guides pour les autres. »
Al-Husayn () a dit aussi : « Je l’ai interrogé sur sa façon de sortir de chez lui et ce qu’il y faisait, et il m’a répondu : « Le Messager d’Allah retenait sa langue, sauf dans ce qui le concernait ; il était familier avec ses compagnons et ne les détournait pas de lui ; il honorait le noble de toute tribu et lui confiait le commandement sur elle ; et même s’il faisait preuve de prudence à son égard, il ne le leur montrait jamais ; il rendait visite à ses compagnons et demandait aux gens ce qui les intéressait ; il embellissait ce qui est bien et le renforçait, et il enlaidissait ce qui est mauvais et le rejetait. Il aimait le juste milieu en toute chose et détestait la discorde ; il ne faisait jamais preuve d’insouciance, de peur que ses compagnons ne deviennent insouciants ou ne dévient. Il ne renonçait jamais à la vérité et ne la transgressait pas.
Ceux qui étaient ses compagnons étaient les meilleurs des hommes ; le meilleur d’entre eux à ses yeux était celui qui conseillait le plus les gens et le plus grand à ses yeux était celui qui aidait le plus les gens et les soutenait. »
Al-Husayn () ajoute encore : « Je l’ai interrogé sur ses assemblées et il m’a répondu : « Le Prophète ne prenait place dans une assemblée et ne s’en retirait qu’avec des évocations d’Allah ; lorsqu’il arrivait dans une assemblée, il prenait toujours place là où il arrivait et il ordonnait d’en faire de même. Il donnait à tous ceux qui se trouvaient en sa compagnie leurs parts, de manière à ce qu’aucun d’entre eux n’ait l’impression qu’un autre que lui soit plus cher que lui. Il faisait preuve de patience avec celui qui s’asseyait ou discutait avec lui, de façon à ne pas être le premier à quitter l’assemblée ; celui qui venait lui demander une chose ne retournait chez lui qu’une fois cette chose acquise, ou avec une bonne parole en échange ; sa morale sublime et sa générosité étaient assez larges pour contenir tout le monde, et il était devenu un père pour ses compagnons ; il ne faisait aucune différence entre eux lorsqu’il s’agissait de vérité. Ses cercles d’enseignement étaient des cercles de science, de compassion, de pudeur, de dévouement et de patience ; on n’y élevait pas la voix, on n’y transgressait pas les interdits et on ne s’adonnait pas aux écarts de langage ; les présents étaient égaux ; bien plus, ils se surpassaient dans la piété ; humbles et modestes, ils respectaient l’homme âgé et exprimaient de la compassion pour le petit ; ils préféraient à leurs propres personnes, le pauvre, et protégeaient l’étranger. »
Al-Husayn ajoute : « J’ai interrogé mon père sur le comportement du Prophète dans ses assemblées, et il m’a répondu : « Le Messager d’Allah était toujours affable, facile à vivre, doux, il n’était pas rude ou dur de comportement, il n’était pas tempétueux, grossier, incrimineur ou avare. Il négligeait ce qu’il ne désirait pas et ne décourageait pas ceux qui le désiraient ; il ne faisait désespérer personne de ce qu’il désirait (à condition que cette chose soit licite). Il s’est épargné trois choses : les disputes, l’orgueil et ce qui ne le concernait pas. De même, il a épargné aux gens trois choses : il ne dénigrait et ne critiquait personne, il ne cherchait jamais à dévoiler l’intimité des autres et ne parlait que là où il espérait une récompense.
Lorsqu’il parlait, ses auditeurs se taisaient et restaient immobiles, comme si des oiseaux se posaient sur leurs têtes ; et lorsqu’il se taisait, ils parlaient ; ils ne se disputaient jamais devant lui, et lorsque l’un d’eux parlait, il l’écoutait, jusqu’à ce qu’il termine son discours. Il riait de ce qu’ils riaient eux-mêmes, s’étonnait pour ce dont ils s’étonnaient eux-mêmes ; il faisait preuve de patience devant les malheurs et la dureté de certains étrangers et devant leurs questions impertinentes ; certains de ses compagnons espéraient même que des étrangers viennent assister à ses cercles d’enseignement afin qu’ils puissent tirer avantage de leurs questions, car eux-mêmes éprouvaient de la pudeur à lui poser des questions gênantes. Ne leur disait-il pas : « Si vous voyez quelqu’un demander une chose, aidez-le dans sa demande ! » Il n’acceptait des éloges que de la part de celui qui est modéré dans ses éloges ; il ne coupait jamais la parole à quelqu’un, sauf s’il transgressait la vérité ; auquel cas, il l’arrêtait, soit en lui déconseillant cela, soit en quittant carrément l’assemblée. » (Rapporté par at-Tirmidhî)
Ce hadîth a été rapporté par Abû Bakr Ibn al-Anbâri qui y a ajouté : « Je l’ai aussi interrogé sur le silence du Prophète () et il m’a répondu : « Son silence était motivé par quatre choses : la compassion, la prudence, l’évaluation et la réflexion : pour ce qui est de son évaluation, elle consistait à bien observer les choses et à écouter les gens parler ; pour ce qui est de sa réflexion, elle consistait à réfléchir sur ce qui demeure et ce qui périt ; il avait reçu le don d’allier la compassion à la patience, au point où aucune chose ne le courrouçait et ne l’effarouchait ; il avait reçu le don de la circonspection dans quatre choses : il agissait toujours avec bienveillance afin que les gens tirent émulation de son comportement, il se détournait de ce qui est laid par grandeur d’âme, il faisait toujours des efforts pour améliorer l’état de sa communauté et il oeuvrait à lui assurer ce qui pouvait réunir bienfaits de ce bas monde et de l’autre. »
Mention de son noble comportement
Abî ‘Abdallah al-Jadalî a dit : « J’ai dit à ‘Aïcha : « Comment était le comportement moral du Prophète au sein de sa famille ? » Elle m’a répondu en ces termes : « Il était le meilleur des hommes par son comportement ; il n’était ni vulgaire ni insolent ; il ne vociférait pas dans les marchés ; il ne rendait pas le tort par le tort, mais il pardonnait et faisait grâce. » (Rapporté par Ahmed)
En outre, Anas () a dit : « J’ai été au service du Prophète pendant dix ans, et jamais il ne m’a dit : « Fi ! » ou pourquoi as-tu fait cela ou n’as-tu pas fait cela ? » (Rapporté par al-Bukhârî)
Par ailleurs, Sammâk a dit : « J’ai dit à Jâbir Ibn Samra : « As-tu été en compagnie du Prophète ? » « Oui, m’a-t-il répondu, il avait de longs moments de silence et riait rarement ; ses compagnons déclamaient devant lui des vers de poésie ou se racontaient des choses sur leur vie, en riant, mais lui se contentait de sourire. » (Rapporté par al-Bukhârî et Muslim)
Mention de son humilité
D’après ‘Umar (), le Prophète () a dit : « Ne me traitez pas comme les Chrétiens ont traité Jésus fils de Marie ; je ne suis que le serviteur d’Allah ; appelez-moi donc : le serviteur d’Allah et Son messager. » (Rapporté par al-Bukhârî)
De son côté, Jâbir () a dit : « Le Prophète est venu me rendre visite sans être monté sur une mule ni sur un cheval de trait. » (Rapporté par al-Bukhârî)
Anas () a dit pour sa part : « Il arrivait qu’une esclave parmi les esclaves de Médine prenne le Prophète par la main et l’emmène avec lui pour qu’il lui règle son problème. » (Rapporté par al-Bukhârî) Dans une autre version, il est dit : « Elle l’emmenait là où elle voulait.»
Dans ce même ordre d’idées, al-Aswad a dit : « J’ai demandé à ‘Aïcha de me dire ce que le Prophète faisait lorsqu’il entrait chez lui, et elle m’a répondu ceci : « Il était au service de sa famille, jusqu’au moment où l’heure de la prière survenait. Dés lors, il sortait de la maison pour aller faire sa prière. » (Rapporté par al-Bukhârî)
De son côté, al-Barâ () a dit : « J’ai vu le Prophète, lors de la bataille des coalisés, porter de la terre au point de couvrir le blanc de son ventre ; il disait : « Par Allah, sans Toi (Allah), nous n’aurions pas été guidés, ni n’aurions donné l’aumône, ni accompli la prière ! Fais descendre la quiétude sur nous et affermis nos pas en cas de rencontre (avec l’ennemi). Les ennemis se sont ligués contre nous ; ils veulent nous forcer à abjurer, mais nous refusons. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
D’après Anas Ibn Mâlik (), le Prophète rendait visite aux malades, participait aux convois funèbres, répondait à l’invitation de l’esclave et enfourchait les ânes. Je l’ai vu un jour sur un âne dont la muselière était en fibre de palmier. »
En outre, on rapporte qu’al-Hasan () avait parlé du Prophète () en disant : « Non par Allah, on ne fermait pas les portes derrière lui, on ne mettait pas de chambellans devant sa porte et on ne lui apportait pas divers plateaux de nourriture ! Non, il vivait au milieu des gens ; celui qui voulait voir le Prophète d’Allah le rencontrait facilement ; il s’asseyait par terre et mangeait par terre ; il portait des vêtements épais, enfourchait un âne, prenait en croupe son serviteur et nourrissait sa monture de ses propres mains. »

Mention de sa pudeur
Abû Sa‘îd al-Khudhrî () a dit : « Le Prophète était aussi pudique qu’une vierge dans son gynécée ; lorsqu’il abhorrait une chose, cela se voyait sur son visage. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
En outre, Anas Ibn Mâlik () rapporte que le Prophète () vit la couleur jaune sur (le vêtement d’)un homme et cela lui déplut ; il dit aux gens : « Dites à cet homme de laver cette couleur jaune. » Anas ajoute que le Prophète ne montrait jamais à quelqu’un une chose qu’il détestait. »
Mention de sa compassion et de son ménagement des gens
Anas Ibn Mâlik () rapporte aussi que le Prophète () a dit : « Lorsque je commence la prière, je désire la prolonger, mais en entendant les pleurs d’un enfant, je m’empresse de la terminer, car je sais combien sa mère s’inquiète en l’entendant pleurer. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
D’après Anas encore, un homme avait dit au Prophète () : « Où se trouve mon père ? » « Dans le feu » lui répondit-il. Puis, en voyant le visage de ce dernier changer de couleur, il lui dit : « Mon père et le tien se trouvent dans le feu. »
Mention de sa tolérance
Anas Ibn Mâlik () a dit : « J’étais en train de marcher en compagnie du Prophète qui portait un manteau de Najrân à l’étoffe épaisse, lorsqu’il fut accosté par un bédouin. Ce dernier le tira par son manteau d’une façon énergique au point où je vis les traces des extrémités du manteau sur le cou du Prophète, tellement il l’avait attiré avec force. Il lui dit ensuite : « Ô Muhammad ! Donne-moi des biens d’Allah que tu as chez toi ! » Le Prophète se tourna vers lui et sourit, avant d’ordonner qu’on lui fasse un don. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, ‘Abdallah Ibn Mas‘ûd () a dit : « Le jour de Hunayn, le Prophète donna la préférence dans le partage du butin à certaines personnes ; c’est ainsi qu’il donna à al-Aqra’ Ibn Hâbis cent chameaux, à ‘Uyayna la même chose ainsi qu’à certains nobles parmi les Arabes. Ce que voyant, un homme dit : « Par Allah, c’est là un partage qui n’est pas juste et qui n’a pas pour but la Face d’Allah. » ‘Abdallah ajoute : « J’ai alors dit : « Par Allah, je vais de ce pas-là en informer le Prophète ! » Je suis donc allé le voir et je lui ai rapporté les propos de l’homme en question. Son visage changea de couleur, puis il finit par dire : « Qui peut être juste si ce n’est Allah et Son messager ! » avant d’ajouter : « Qu’Allah accorde Sa miséricorde à Moïse ! Il souffrit plus que cela de la méchanceté des hommes mais il fit preuve de patience. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
En outre, selon Abû Hurayra (), at-Tufayl Ibn ‘Amrû ad-Dusî vint chez le Prophète () et lui dit : « Ô Messager d’Allah, les Duss font preuve de rébellion et de négation ! Invoque Allah contre eux. » Mais le Prophète fit face à la Qibla, leva ses mains vers le ciel et dit : « Mon Dieu, guide les gens de Duss et amène-les ici ! » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Par ailleurs, ‘Abdullah Ibn ‘Umar () rapporte qu’à la mort d’Ibn Ubayy, son fils ‘Abdullah vint voir le Prophète et lui dit : « Donne-moi ta chemise pour que j’y enveloppe mon père, ô Messager d’Allah ; prie sur lui et demande pardon pour lui. » Le Prophète lui donna sa chemise puis il s’apprêta à prier sur son père, lorsque ‘Umar le tira par un pan de son manteau et lui dit : « N’est-ce pas qu’Allah t’a interdit de prier sur les hypocrites ? » « J’ai le choix entre deux options, lui répondit le Prophète, car Allah m’a dit : « Que tu demandes pardon pour eux ou ne le demandes pas… » (S9.v, 80)
Il pria donc sur lui avant que ce verset ne fut révélé : « Et ne fais jamais la prière sur l’un d’entre eux qui meurt et ne te tiens pas debout auprès de sa tombe… » (S9.v, 84) (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, ‘Aïcha (RA) a dit : « Le Prophète n’a jamais frappé un de ses serviteurs ni une de ses épouses ; il n’a jamais donné un coup de sa main sauf lorsqu’il luttait pour la cause d’Allah ; de plus, il ne s’est jamais vengé pour lui-même sauf lorsque les limites d’Allah étaient transgressées ; dés lors, il se vengeait pour Allah ; en outre, on ne lui a jamais soumis deux choses, dont l’une est plus facile que l’autre, sans qu’il ne choisisse la plus facile d’entre elles, à moins que ce ne soit quelque chose d’illicite. Auquel cas, il était le premier à s’en détourner. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Mention de ses plaisanteries et de son badinage
D’après Anas (), un homme du nom de Zâhir qui habitait la campagne, rendait souvent visite au Prophète () et lui apportait des cadeaux. Lorsqu’il s’apprêtait à repartir chez lui, le Prophète lui donnait ce dont il avait besoin. Il l’aimait beaucoup et plaisantait souvent avec lui. Il lui disait : « Zâhir est notre campagnard et nous sommes ses citadins. » Cet homme-là avait un aspect laid.
Un jour, alors qu’il était en train de vendre de ses marchandises, le Prophète () arriva derrière lui sans qu’il ne le voie et l’entoura de ses bras. « Lâche-moi, se mit à crier ce dernier, qui est-ce qui me retient ? » En se retournant, il vit le Prophète ; il ne voulut plus alors qu’il le lâche. Le Prophète, tout en l’entourant de ses bras, plaisantait avec lui en disant : « Qui veut acheter cet esclave ? » Zâhir lui répondait en riant : « Ô Messager d’Allah, par Allah, je suis une marchandise qui ne se vend pas ! » « Mais aux yeux d’Allah tu vaux très cher. » (Rapporté par l’imam Ahmed)
De son côté, ‘Aïcha (RA) a dit : « Je suis sorti en compagnie du Prophète () dans un de ses voyages, alors que j’étais une très jeune fille n’ayant pas encore d’embonpoint. Il dit alors aux gens : « Précédez-nous », puis il se tourna vers moi et me dit : « Faisons une course. » Nous courûmes donc et je pris le dessus sur lui. Il ne dit rien jusqu’au jour où, ayant pris de l’embonpoint, et ayant oublié cette course, je suis sortie de nouveau avec lui dans un de ses voyages. Il dit aux gens : « Précédez-nous », puis il se tourna vers moi et me dit : « Faisons une course. » Nous courûmes donc et il prit le dessus sur moi. Il se mit à rire et me dit : « Tu as pris le dessus sur moi une fois, et maintenant c’est à mon tour de prendre le dessus sur toi. » (Rapporté par Ahmed)
Par ailleurs, Anas () rapporte que le Prophète () rendit un jour visite à Um Sulaym et vit que le petit Abû ‘Umayr était très triste. Ayant demandé les causes de ce chagrin à Um Sulaym, celle-ci lui répondit qu’il venait de perdre son petit oiseau. Il alla alors vers le petit enfant et lui dit : « Ô Abû ‘Umayr, où est passé ton petit oiseau ? » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Mention de sa générosité et de sa libéralité
Ibn ‘Abbâs () a dit : « Le Prophète était le plus généreux des hommes ; il l’était encore plus durant le mois de ramadhân, lorsqu’il rencontrait Jibrîl () chaque nuit pour lui enseigner le Coran. Le Messager d’Allah était plus généreux que le vent porteur de nuages pluvieux. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, Anas () a dit : « À chaque fois que le Prophète était sollicité au nom de l’Islam, il donnait à celui qui lui demandait. Un jour, un homme vint à lui et lui demanda une aide. Il lui donna un grand nombre de brebis parmi les brebis de la zakât. Cet homme-là retourna chez son peuple en criant : « Ô gens, embrassez l’Islam, car Muhammad donne des dons à l’exemple de celui qui ne craint pas la disette ! » (Rapporté par Muslim)
Mention de son courage
D’après Anas (), le Prophète () était le plus excellent des hommes, le plus généreux d’entre eux et le plus courageux. Un jour, les habitants de Médine furent envahis par une grande frayeur ; un groupe de gens partit vers la direction d’où venaient les bruits, et voilà qu’ils virent le Prophète () monté sur un cheval appartenant à Abî Talha, l’épée suspendue à son cou. Il les avait précédés vers l’endroit d’où parvenaient ces bruits. En les voyant, il leur dit : « N’ayez aucune crainte ! N’ayez aucune crainte ! », avant d’ajouter : « Ce cheval est très rapide. » Or, ce cheval était réputé pour sa lenteur. (
Rapporté dans les deux Sahîh)
En outre, Abî Ishâq rapporte avoir demandé à al-Barâ : « Est-ce vrai que vous vous êtes enfuis d’autour du Prophète le jour de Hunayn ? » Ce dernier lui répondit : « Mais le Prophète, lui, n’a pas fui. Les Hawâzin, qui étaient d’habiles archers, nous ont surpris alors que nous étions occupés à ramasser le butin, en nous arrosant de flèches. J’ai vu le Prophète () monté sur sa mule blanche, dont Abû Sufyân Ibn al-Hârith tenait la bride, et qui criait : « Je suis le Prophète et non l’imposteur ! Je suis le fils de ‘Abd al-Muttalib ! » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Mention de ses mérites sur les autres prophètes et de l’élévation de son rang
D’après Jâbir Ibn ‘Abdullah (), le Messager d’Allah () a dit : « J’ai reçu cinq choses qu’aucun de ceux qui m’ont précédés n’a reçu : je suis assisté par la frayeur à la distance d’un mois de marche, la terre m’a été établie comme mosquée et lieu pur, de telle sorte que quiconque parmi ma communauté est surpris par l’heure de la prière puisse y prier, le butin m’a été autorisé sans qu’il n’ait été autorisé pour quiconque avant moi et j’ai reçu le droit d’intercession, enfin, tout prophète était envoyé à son peuple en particulier, alors que moi je suis envoyé vers l’Humanité entière. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, Abû Hurayra () rapporte que le Prophète () a dit : « Il m’a été donné la capacité de dire de grandes paroles en peu de mots et j’ai été assisté par la frayeur ; en outre, tandis que je dormais, on m’a apporté les clefs des trésors de la terre et on les a mises dans ma main. » Abû Hurayra ajoute : « Le Prophète est parti alors que vous extrayez ces trésors. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Pour sa part, Ubay Ibn Ka‘b () a rapporté ceci : « Je me trouvais dans la mosquée lorsqu’un homme y entra et fit sa prière en récitant (le Coran) d’une façon que je désapprouvais. Ensuite, un autre homme entra dans la mosquée et récita de la même manière que son compagnon. À la fin de la prière, nous sommes tous allés chez le Prophète (). Je lui ai dit : « Cet homme-là a récité d’une façon que j’ai désapprouvé, puis cet homme-ci a à son tour récité de la même façon que son compagnon. » Le Prophète leur ordonna de lui réciter comme ils venaient de le faire et, une fois leur récitation terminée, il l’approuva. Comme je fus envahi de confusion au point de me croire revenir au temps de la Jâhiliyya, le Prophète, voyant l’état dans lequel je me trouvais, me donna un coup sur la poitrine qui m’inonda de sueur. C’était comme si je regardais Allah à distance. Il me dit : « Ô Ubay ! Allah m’a envoyé dire de réciter le Coran avec une seule lecture, mais je Lui ai demandé qu’Il allège les choses à ma communauté ; Il m’envoya dire ensuite de réciter avec deux lectures, mais je Lui ai demandé qu’Il allège les choses pour ma communauté ; Il m’envoya dire une troisième fois que je pouvais le réciter avec sept lectures, en ayant pour chaque refrain répété une requête à Me soumettre. Je Lui ai répondu : Mon Dieu, pardonne à ma communauté ! Mon Dieu, pardonne à ma communauté ! » J’ai laissé la troisième requête pour le Jour où tous les hommes, y compris Abraham, auront besoin de moi. » (Rapporté par Muslim)
Anas () a dit de son côté : « Le Messager d’Allah () a dit : « On m’amènera, au Jour de la résurrection, devant la porte du paradis où je demanderai qu’on m’ouvre. L’ange gardien dira : « Qui est là ? » « Muhammad » répondrai-je. Il me dira alors : « J’ai reçu l’ordre de n’ouvrir à personne avant toi. » (Rapporté par Muslim)
Dans le même ordre d’idées, Anas () a aussi rapporté ces paroles du Prophète () : « Je serai le premier des hommes à sortir le jour où les gens seront ressuscités ; je serai leur orateur lorsqu’ils se rassembleront ; je serai leur messager de la bonne nouvelle lorsqu’ils seront désespérés ; l’étendard de la louange est dans ma main et je suis le plus noble parmi les enfants d’Adam aux yeux de mon Seigneur, sans en tirer gloriole. » (Rapporté par at-Tirmidhî)
Al-Khattâbi a dit à ce sujet : « Je n’ai cessé de m’interroger sur le sens de sa parole « L’étendard de la louange est dans ma main » jusqu’à ce que je le trouve dans le hadîth rapporté par ‘Uqba Ibn ‘Amir qui dit : « Les premiers à entrer au paradis seront les louangeurs d’Allah en toute circonstance ; on leur dressera un étendard, et ils entreront au paradis. »
De son côté, Muslim a rapporté d’après le hadîth d’Anas Ibn Mâlik, que le Prophète () a dit : « Je serai le premier à intercéder le Jour de la résurrection ; je suis parmi les prophètes celui qui aura le plus de partisans le Jour de la résurrection et je serai le premier à frapper à la porte du paradis. »
Toujours d’après Muslim, Abû Hurayra () rapporte que le Prophète () a dit : « Je serai le maître des enfants d’Adam le Jour de la résurrection, le premier qui sortira de la tombe et le premier à avoir le droit d’intercéder. »
Dans ce même ordre d’idées, Jâbir Ibn ‘Abdullah () rapporte que ‘Umar Ibn al-Khattâb () apporta un jour un livre reçu de certaines personnes parmi les gens du Livre et commença à le lire au Prophète (). Ce dernier se mit en colère et lui dit : « Qu’est-ce que cela veut dire ô Ibn al-Khattâb ? Par Celui qui tient mon âme dans Sa main ! Je vous ai apporté un message pur et immaculé ! Il se peut que vous les interrogiez au sujet d’une chose, qu’ils vous répondent avec justesse et que vous les démentiez, comme il se peut qu’ils vous disent un mensonge et que vous l’acceptiez ! Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, si Moïse était encore vivant, il n’aurait d’autre choix que de me suivre ! » (Rapporté par l’imam Ahmed)
Mention de son exemple par rapport aux prophètes qui l’ont précédé
D’après Abû Hurayra (), Abû al-Qâsim (le Prophète ) a dit : « Mon exemple par rapport aux prophètes qui m’ont précédé, est comme l’exemple d’un homme qui a bâti une demeure en l’embellissant et en la perfectionnant, sauf dans un coin à l’endroit d’une brique. À chaque fois que les gens visitent cette maison, ils sont subjugués par sa beauté mais disent : « Ta demeure serait parfaite si tu ajoutais la brique qui manque ici ! » Muhammad () ajouta : « Je suis cette brique qui manque ! » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Son exemple et de l’exemple avec lequel Allah l’a envoyé
D’après Abî Mûsa, le Prophète () a dit : « Mon exemple et l’exemple de ce avec quoi Allah m’a envoyé est comme l’exemple d’un homme qui va vers ses compatriotes et leur dit : « Ô gens ! Je viens de voir de mes propres yeux une armée sur le point de vous attaquer ! Or, je suis pour vous un avertisseur sincère ! Prenez donc garde ! » Un groupe parmi ses compatriotes l’écouta et prit ses dispositions en se mettant à l’abri de cette armée, tandis qu’un autre groupe le traita de menteur et resta sur place à l’arrivée de l’armée, ce qui lui valut d’être massacré. » Il en est ainsi de ceux qui m’obéissent et suivent ce que j’ai apporté et de ceux qui me désobéissent et traitent de mensonge ce que j’ai apporté comme vérité. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
La marche des anges derrière lui
D’après Jâbir (), lorsque le Prophète () sortait de chez lui, ses compagnons marchaient devant lui et laissaient son dos aux anges. » (Rapporté par Ahmed)
De l’obligation de l’aimer () plus que sa propre personne, ses enfants et ses parents
D’après Anas Ibn Mâlik (), le Prophète () a dit : « Aucun d’entre vous ne devient vraiment croyant jusqu’à ce que je devienne plus aimé pour lui que sa propre personne, ses parents, ses enfants, et le reste des gens. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, ‘Abdullah Ibn Hichâm () a dit : « Nous étions avec le Prophète (), alors qu’il tenait ‘Umar Ibn al-Khattâb () par la main. ‘Umar lui dit : « Ô Messager d’Allah, tu es aimé de moi plus que toute autre chose, à part moi-même ! » « Non, lui répondit le Prophète, par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, jusqu’à ce que je te sois plus aimé que ta propre personne ! ». ‘Umar lui dit alors : « Maintenant, par Allah, tu es plus aimé de moi que ma propre personne ! » « Maintenant (tu es un vrai croyant) ô ‘Umar ! » lui répondit le Prophète. » (Rapporté par al-Bukhârî)
La vénération qu’avaient les compagnons pour le Prophète () et l’amour qu’ils lui vouaient
Anas () a dit : « J’ai vu le Prophète () alors que le coiffeur lui coupait les cheveux ; ses compagnons l’entouraient et ne voulaient pas qu’un de ses cheveux tombe autrement que dans la main de l’un d’eux ». (Rapporté par Muslim)
D’après Anas aussi, lors de la bataille d’Uhud, les gens s’enfuirent en proie à la débandade ; le Prophète () resta avec un petit groupe de compagnons ; Abû Talha () était en sa compagnie et le protégeait avec son bouclier. Abû Talha était un très bon archer qui avait cassé ce jour-là deux ou trois arcs. À chaque fois qu’un homme passait avec un carquois de flèches, le Prophète lui disait : « Donne-le à Abû Talha ! » Et lorsque le Prophète montait sur un rocher pour regarder les mouvements de l’ennemi, Abû Talha lui criait : « Ô toi qui m’es plus cher que mon père et ma mère ! Ne te montre pas comme ça car tu risques de t’exposer aux flèches des polythéistes ! Je préfère que ces flèches m’atteignent à ta place. » (Rapporté par al-Bukhârî)
En outre, il est rapporté dans les deux Sahîh, d’après le hadîth d’Abî Juhayfa : « Je suis allé rendre visite au Prophète (), et j’ai vu Bilâl () qui lui amenait de l’eau pour ses ablutions. J’ai alors vu les gens qui se bousculaient pour recueillir des gouttes de cette eau ; celui qui arrivait à en recueillir quelques gouttes s’en frottait le visage, et celui qui n’arrivait pas à en recueillir, essuyait ses mains sur celles de son compagnon. Lorsque le Prophète se leva, les gens se mirent à lui prendre la main pour s’en frotter le visage ; j’ai pris de mon côté sa main et je l’ai mise sur mon visage ; j’ai remarqué qu’elle était plus fraîche que la glace et plus parfumée que le parfum du musc. »
Par ailleurs, Anas () a dit : « Le jour de la bataille d’Uhud, une rumeur circula parmi les musulmans, disant que le Prophète () venait d’être tué. Les clameurs se multiplièrent dans les environs de Médine. Une femme des Ansârs, sortie à la rencontre des victimes d’Uhud, trouva son frère, son père, son époux et son fils, tombés en martyrs. « Qui sont ceux-là ? » dit-elle. « C’est ton frère, ton père, ton époux et ton fils » lui répondit-on. « Qu’est-il arrivé au Prophète ? » dit-elle. « Il t’a précédé à Médine » lui répondit-on. Elle alla alors à sa rencontre et, le prenant par un bout de son manteau, elle lui dit : « Ô Messager d’Allah, toi qui m’es plus cher que mon père et ma mère ! Peu m’importe ce qui peut m’arriver, si tu es sain et sauf ! »
L’adoration du Prophète () et de ses efforts dans la dévotion
‘Alqama rapporte avoir demandé à ‘Aïcha (RA) si le Prophète () faisait des choses certains jours en particulier. Celle-ci lui a répondu en ces termes : « Non, ses actes étaient constants et réguliers. Et qui parmi vous peut supporter ce que le Messager d’Allah supportait ? » (Rapporté dans les deux Sahîh)
En outre, d’après Kurayb, Ibn ‘Abbâs () lui a rapporté avoir passé la nuit chez sa tante maternelle Maymûna (RA), l’épouse du Prophète : « Je me suis couché dans la largeur de la paillasse, tandis que le Prophète et son épouse se sont couchés dans sa longueur. Au milieu de la nuit, un peu avant ou après, le Messager d’Allah () se réveilla et se mit à s’essuyer les yeux pour dissiper le sommeil ; ensuite, il récita les dix derniers versets de la sourate Al-‘Imrân, se dirigea vers une outre suspendue, fit ses ablutions de la meilleure manière qui soit, puis se mit debout pour prier. »
Ibn ‘Abbâs () ajoute : « Je me suis levé à mon tour et j’ai fait la même chose que lui, puis je me suis mis debout à ses côtés pour prier en sa compagnie. Le Prophète mit sa main droite sur ma tête, puis pris mon oreille droite et se mit à la tortiller ; il fit deux unités de prière, puis deux unités de prière, puis deux unités de prière, puis deux unités de prière, puis deux unités de prière, puis deux unités de prière, puis une seule unité de prière, puis s’allongea de nouveau jusqu’à ce que le muezzin vienne le trouver. Il se leva alors et fit deux unités de prière légères, avant d’aller faire la prière du matin. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
De son côté, ‘Abdullah Ibn Chaqîq a dit : « J’ai interrogé ‘Aïcha sur les prières surérogatoires du Prophète(), et elle m’a répondu ceci : « Il faisait avant la prière du midi quatre unités de prière dans ma chambre, puis il sortait pour aller diriger la prière des fidèles, puis il revenait chez moi et y faisait deux unités de prière ; il dirigeait aussi la prière du coucher du soleil dans la mosquée, puis il revenait chez moi et y faisait deux unités de prière ; il dirigeait également la prière de la nuit dans la mosquée puis revenait chez moi et y faisait deux unités de prière. En outre, il faisait au cours de la nuit neuf unités de prière dont une impaire ; il priait longtemps de nuit, en position debout et des fois en position assise ; lorsqu’il récitait en étant debout, il faisait normalement ses inclinaisons et ses prosternations, et lorsqu’il récitait en étant assis, il faisait ses inclinaisons et ses prosternations dans cette position. Lorsque l’aube survenait, il faisait deux unités de prière puis sortait pour aller diriger la prière de l’aube. » (Rapporté par Muslim)
On a divergé sur le nombre d’unités de prière (surérogatoires) faites par le Prophète () au cours de la nuit. Pour at-Tirmidhî, le minimum de ce qui a été rapporté à ce sujet est de neuf unités de prière et le maximum est de dix avec le witr (la prière impaire). On rapporte aussi qu’il faisait onze unités de prière.
Al-Bukhârî rapporte, de son côté, que Masrûq a dit : « J’ai interrogé ‘Aïcha sur le nombre d’unités de prière accomplies par le Prophète, au cours de la nuit, et elle m’a répondu en ces termes : « Il faisait sept, neuf ou onze unités de prière, en dehors des deux unités de prière de l’aube. » Cette version est donc différente de celle d’at-Tirmidhî.
De son côté, Humayd a dit : « Anas Ibn Mâlik a été interrogé au sujet des unités de prière que faisait le Prophète () au cours de la nuit, et il a répondu : « À chaque fois que nous voulions le voir en train de prier, nous le voyions, et à chaque fois que nous voulions le voir en train de dormir, nous le voyions ; en outre, il jeûnait certains mois au point où nous nous disions qu’il n’allait pas rompre son jeûne. » (Rapporté dans les deux Sahîh)
Pour sa part, ‘Abdullah Ibn Mas’ûd () a dit : « J’ai prié une nuit avec le Prophète et il est resté debout si longtemps que j’ai fini par avoir une mauvaise pensée. » « Quelle fut cette mauvaise idée ? » lui dit-on. « J’ai failli m’asseoir et le laisser continuer ». (Rapporté dans les deux Sahîh)
Par ailleurs, Hudhayfa () a dit : « J’ai prié en compagnie du Prophète () une certaine nuit ; il commença par réciter la sourate al-Baqara, et je me suis dit qu’il allait s’incliner après cela ; mais il récita ensuite la sourate an-Nisâ’, puis Al-‘Imrân, lentement, en faisait des louanges à chaque fois qu’il passait par une formule de louange, des requêtes à Allah à chaque fois qu’il passait par une formule de requête, et sollicitait la protection d’Allah à chaque fois qu’il passait par une formule de sollicitation de cette protection. À la fin, il s’inclina et se mit à dire : « Louange à mon Seigneur le Tout Puissant ! » Son inclinaison fut presque équivalente à sa position debout ; ensuite, il se releva et dit : « Allah entend celui qui Le loue ! », puis il resta debout presque autant qu’il s’inclina, puis il se prosterna et dit : « Louange à mon Seigneur le Très Haut ! » Sa prosternation fut alors presque équivalente à sa station debout. » (Rapporté par Muslim)
De son côté, ‘Aïcha (RA) a dit : « Lorsque le Prophète priait, il restait debout jusqu’à ce que ses pieds se fendillent. Comme je lui demandai un jour : « Ô Messager d’Allah, tu fais cela alors qu’Allah t’a pardonné tes péchés passés et à venir ? », il me répondit : « Ô ‘Aïcha, ne pourrais-je pas être un serviteur reconnaissant ? » (Rapporté dans les deux Sahîh)

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