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Hanbalite-ecole-de-jurisprudence
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4. L’école Hanbalite

Cette école se réclame d’Ahmad Ibn Hanbal (mort en 241 H./ 855 ap. J.-C.), est pratiquement née du conflit qui a opposé Ibn Hanbal aux Mu‘tazilites (rationalistes hellénisants passablement intolérants) et aux autorités politiques qui soutenaient alors les Mu‘tazilites. La réputation d’Ibn Hanbal s’est forgée durant ces événements au cours desquels il fut persécuté et emprisonné sans jamais se renier. En fait, Ibn hanbal était principalement un spécialiste du hadith (un traditionniste, un rapporteur des traditions prophétiques). C’était aussi un traditionnaliste scrupuleux qui se méfiait du ra’y (opinion personnelle) et du qiyâs (analogie), car, selon lui, ils avaient ouvert la porte à l’hérésie mu‘tazilite, source d’innovations pécheresses et de division de la communauté. La polémique qui l’opposa à ces derniers, au sujet de la nature du Coran, et qui lui valut la persécution, donna dès le départ à cette école une teinte contestataire, alors que dans sa doctrine, Ibn Hanbal privilégiait surtout la sunna (la coutume communautaire héritée des anciens formés par le Prophète béni et ses compagnons et suivants) et l’unité communautaire, en bon sunnite.
Cette école se développa ensuite et ses missionnaires apportèrent leur madhhab dans des contrées lointaines, notamment dans le nord de l’Iran où allait naître le Cheikh Abd al-Qâdir al-Jilânî (mort en 1166 ap. J.-C.), grand organisateur du soufisme confrérique.
Un siècle plus tard naissait le théologien Ibn Taymiyya (mort en 727 H.: 1328 ap. J.-C.). Son approche est sensiblement différente de celle du fondateur Ibn Hanbal. Avant même l’intérêt de l’unité communautaire, la recherche de solutions juridiques semblent primer chez lui.
Il intervient notamment auprès des Princes arabes lors de la conquête mongole, pour dénoncer l’apathie des Chouyoukh des confréries soufies, qui voient, dans le nouvel envahisseur, l’expression de la colère de Dieu, d’autant plus que les Tatares se sont convertis à l’Islam (après avoir – il est vrai – ravagé l’orient arabe). C’est sans doute en grande partie son « nationalisme arabe » qui lui fait alors traiter d’hypocrites, les nouveaux maîtres Mongols, bien qu’ils se soient convertis à l’islam, Il parvient à entraîner des princes arabes dans une guerre fratricide entre les nouveaux musulmans et les autres, Ibn Taymiya ayant, par on ne sait quel raisonnement, réfuté la conversion des mongols à l’islam.
Dans cette lutte, les arabes subissent d’effroyables pertes irrémédiables, mais fait paradoxal, en affaiblissant considérablement la puissance du déferlement mongol vers la Méditerranée, ils sauvent de fait de justesse leur ennemi héréditaire, l’auteur des croisades, à savoir le monde chrétien occidental qui n’était pas en mesure, à cette époque, vu son retard militaire et son extrême morcellement politique, de résister au raz de marée Asiatique.
Serait-ce donc par son attachement ethnique et culturel, puisque les mongoles s’étaient convertis? Il est allé jusqu’à pousser des princes arabes contre les princes mongoles, tout deux musulmans. Aurait-il en fin de compte agi par, un chauvinisme digne de la Jahiliya (période de l’ignorance pré-islamique des arabes) ? Ce serait alors, par manque de clairvoyance, qu’il aura tout simplement poussé les arabes à faire de leurs propres corps et cadavres, l’ultime rempart qui sauvera leurs ennemis trinitaristes qui les persécutaient depuis sept siècles ! Et pour les sauver de quoi ? D’une possible l’islamisation qu’aurait pu entraîner l’invasion des mongols (convertis) en Europe ! Ce qui aurait stoppé, entre autre, la reconquista des fanatiques catholiques en Espagne…
Mais Dieu, fidèle à Son éternelle Coutume, ne favorise pas un peuple rebelle, qui préfère sa nationalité, sa race ou sa langue, à sa religion, alors que la seule noblesse réside dans la piété, conformément à Sa Parole.
Par ailleurs, l’intransigeance dogmatique d’Ibn Taymiyya, son rigorisme sourcilleux, a assurément fait dévier après lui cette école dans une voie particulièrement austère. Ce qui n’enlève rien aux qualités intrinsèques de ses ouvrages.
Cette école Hanbalite se cantonne désormais essentiellement en Arabie Saoudite où elle a donné naissance à une nouvelle école : le wahhabisme, qui est un hanbalisme réformé entièrement exotériste. Mais la puissance financière saoudienne permet à cette tendance de s’exporter un peu partout dans le monde.
En écartant le ra’y et le qiyâs des sources du droit musulman, le hanbalisme (et surtout sa variante wahhabite) a été accusée de « fossiliser » la jurisprudence dans « l’imitation aveugle » (taqlîd) du passé, de plus en plus décalée par rapport aux réalités environnantes, ce qui a fait apparaître trop souvent l’Islam comme une religion plutôt socialement rétrograde, alors qu’elle était à la pointe du progrès social durant la mission du Prophète .

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