1. L’école Malikite :
C’est le Rite (madhhab) ancien par excellence, à côté du rite Hanafite, si l’on excepte les écoles Chi’ites (dont beaucoup se sont constituées tardivement et par opposition entre elles, principalement au sujet de la reconnaissance de leurs Imams successifs). Le rite malikite est la somme de l’enseignement reçu puis transmis par l’Imam de Médine, Mâlik Ibn Anas, né et mort à Médine (94 H./716 ap. J.-C.- 179 H./795 ap. J.-C.). L’Imam Mâlik fut un disciple direct des compagnons du Prophète Mohammed , et notamment de Sahl Ibn Sa’d. Il étudia aussi auprès de Ja’far as-Sâdiq et connut Abû Hanifah. Il fut l’auteur du premier traité de droit musulman, al-Muwatta’ (« La Voie Aplanie » ou « La Voie rendue aisée »), qui est aussi le premier recueil de hadiths.
L’Imam Mâlik était donc l’héritier principal de la plus ancienne école d’exégèse coranique fondée par le Compagnon ‘Ubay al-’Ansâri (mort en 28H.) à Médine, la Ville du Prophète, qui était naturellement la mieux placée en tant que dépositaire des « traditions connues » (hadîth Mashhûr).
Dans la définition du Droit (fiqh) musulman, cette école, après le Coran, admet comme sources (uçûl), la sunna prophétique, mais presque exclusivement basée sur les seuls hadîths qui sont connus de l’ensemble de la première communauté médinoise, car, au-delà, la science du hadith a donné lieu à des polémiques sans fin entre les docteurs de l’Islam. Le consensus (’ijmâ‘) s’est ensuite néanmoins rapidement établi, dans le sunnisme, sur l’exactitude des deux recueils authentiques (sahîh) d’Al-Bukhârî et de Muslim, ainsi que l’ont constaté des chroniqueurs anciens, auxquels se réfère notamment Ibn Khaldûn (mort en 808 H./ 1406 ap. J.-C.).
Les bases juridiques de cette école sont donc bien sûr avant tout le Coran (comme pour les autres écoles d’ailleurs), puis la sunna, connue principalement par les coutumes médinoises (‘Adât al-Madîna), mais aussi le consensus des savants (ijmâ‘), l’opinion personnelle (ra’y) qui découle de la réflexion (fikr) et de l’effort d’interprétation personnelle (Ijtihâd), ainsi que le raisonnement par analogie (qiyâs).
Et bien qu’elle soit assez scrupuleuse sur le plan de la pratique religieuse (notamment des cinq piliers fondamentaux de l’Islam), cette école est aussi, avec l’école hanafite, la plus ouverte et la plus souple dans son adaptation aux différentes réalités locales et temporelles (la coutume, ‘ourf), à la réflexion personnelle et à l’évolution du monde. Elle est donc mieux en mesure d’appréhender les adaptations nécessaires d’une façon dédramatisée et efficace. Et surtout cette école, à la suite de son fondateur, homme humble et scrupuleux, a une motivation fondamentale, une intention (niyya) tournée avant tout vers la préservation de l’unité de la oumma, préférant cultiver ce qui réunit que de rechercher des solutions juridiques qui pourraient diviser. Cela la distingue notamment de l’école hanbalite (à partir d’Ibn Taymiyya), plus vindicative, et qui a souvent pris le risque de susciter des fitna (trouble, division) au nom de la recherche de solutions juridiques.
Cette École sunnite malikite est répandue autour du golfe Arabo-Persique, au Soudan, en Afrique du Nord et de l’Ouest.

L’ÉCOLE MALIKITE